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Lesgrottes préhistoriques d’Arcy-sur-Cure. En organisant ce week-end surprise, Benjamin savait qu’en quittant la Puisaye, nous ferions une halte sur la route du retour à Arcy-sur-Cure, une commune non loin d’Avallon. Ce qu’il ne pouvait pas savoir, c’est que ce jour serait le plus chaud du printemps 2022.
Boîteen métal de photos d'anciens voiliers de l'époque, '' LE SAINT-LOUIS, LE SOLEIL ROYAL, LE HENRY GRÂCE À DIEU, signé WILQUIN, permet d'y mettre des
vannerieatelier vannerie paris ile de france tressages basketry weaving Ittevile Ballancourt La ferte allais vegetaux architecture vegetale . Lez Arts Curieux Atelier de vannerie / Tressages végétaux --- Ile de France. lundi 21 décembre 2015. Activité atelier vannerie du 19 decembre. Je pensais avoir du temps avec ces deux semaines de répit mais les cérémonies,
toutel'actualité en Vallée de Durance. Suivre ce blog Administration Connexion + Créer mon blog. Accueil; Retrouvez les infos de Pertuis et ses environs ; Contact; luberoninfos.over-blog.com. Un nouveau centre de collecte des ordures ménagères Publié le 29 Septembre 2016 par Jean-Jacques GARNIER Pertuis le, 26 Septembre 2016. Ce jeudi, a été inauguré le
Lerepos du dimanche n'annule en rien le fait de devoir bosser du lundi au samedi sinon le mec est vu comme un déchet. Mais faut bien que les Esclaves se reposent au moins un jour dans la semaine
Site De Rencontre Gratuit Et Serieux Pour Seniors. 1Pourquoi le soulèvement gbaya, la guerre de Karnou » dite aussi du manche de houe » du début de la période coloniale a-t-il fait l’objet d’écrits substantiels alors que celui du dieu de Lam », en pays gidar, est resté paradoxalement occulté ? Présentée comme un objet d’histoire bien identifié, la guerre de Karnou » illustrerait un cas avéré de résistance africaine face à l’agression coloniale, alors que le dieu de Lam » relèverait d’événements plus complexes et plus malaisés à exposer. Encore que ces deux séditions révèlent de troublantes ressemblances. 2Tout d’abord, elles commencent à la même période, celle du dieu de Lam 1927 précédant à peine celle de Karnou 1928. Les protagonistes présentent le même profil » de sorciers », selon la terminologie coloniale d’alors. La vie et l’œuvre des prophètes », Toumba chez les Gidar et Karnou pour les Gbaya, épousent une symétrie confondante. 3Leurs magistères respectifs commencent après une disparition. Tous deux sont donnés morts et reviennent chez eux transfigurés ». La même année, 1924, ils inaugurent leurs premières prédications. Chacun dispose d’un sanctuaire, également lieu de pèlerinage. Pour l’un, c’est un vaste camp de constructions de vannerie à Lam ; pour l’autre, une bâtisse vaste comme une église » Bah 1974, dans le village de Nahim. Traditionnels dans leurs tenues, peau lombaire pour Toumba, pagne d’écorce de Ficus pour Karnou, ils n’en diffèrent pas moins physiquement. Toumba est décrit comme corpulent, et Karnou comme souffreteux ». Ils suivent un mode de vie singulier et n’acceptent que certaines nourritures. Leurs appartenances sociales respectives les auraient, d’une certaine façon, préparés à leurs missions. Toumba appartient à un clan de devins fameux ; Karnou est présenté comme un maître labi », un chef d’initiation. 4Ils délivrent leurs messages par le biais de médiums et/ou en contrefaisant leur voix. Quant au contenu, la ressemblance se fait plus prégnante encore. Tous deux invitent à combattre et à faire disparaître cette colonisation européenne qui avance inexorablement. Rejeter ce qui vient du Blanc », argent, impôt, école, etc., le tout, sur fond de discours messianique, celui du désespoir, avec une transposition de la lutte à travers la mobilisation de forces religieuses occultes. Leurs sacrifices seraient assez puissants pour chasser les colons », massacrer leurs suppôts, les chefs qu’ils ont nommés et leurs protégés, les Peuls, les conquérants d’hier. 5Les troubles engendrés se jouant des toutes récentes frontières coloniales, s’étendent, avec le dieu de Lam », au Cameroun et au Tchad ; avec Karnou, l’embrasement est plus vaste encore Cameroun, Tchad, Oubangui. Le berceau de la révolte se situe, pour les uns, chez les Gidar, pour les autres, chez les Gbaya. 6Ces deux soulèvements ont pris au dépourvu l’administration coloniale, qui ne s’était préparée à des réactions contre sa présence que du côté des sociétés musulmanes, de leurs appareils dynastiques ou de certains cercles religieux – et n’avait, à aucun moment, envisagé une mobilisation d’une telle ampleur de la part de groupes païens inorganisés ». 7Ces mouvements, non seulement semblent totalement déconnectés du monde musulman, mais ils leur sont antagonistes. L’administration coloniale apparaît comme un nouveau suzerain des principautés peules, qui se sont implantées au xixe siècle à leurs dépens. En 1927, à la demande des commandants » coloniaux, les lamidats peuls de Mindif et de Doumrou mobiliseront leurs cavaleries – curieusement dénommées partisans », dans les archives – pour mater l’insurrection gidar, comme le lamidat de Rey le fera en décembre 1928 contre le soulèvement gbaya. 8On est alors en présence des mêmes types de combats, des embuscades derrière des rideaux de mil et d’herbes hautes, conduits sans stratégie mais non sans tactique et savoir-faire. Puis ce sera, pour les insurgés, la même confrontation à la puissance de feu des colonnes de miliciens. Les deux prophètes connaîtront une fin semblable, leur disparition étant niée afin d’entretenir l’attente de leur retour pour un soulèvement enfin triomphant. 9Une interrogation demeure existe-t-il un lien entre ces deux soulèvements quasi concomitants ? Le point de jonction géographique aurait pu être le pays laka, entré dans la rébellion de Karnou et proche des Lame et Kado, qui comptèrent parmi les plus engagés des affidés du dieu de Lam. Nous ne disposons d’aucun élément pour avancer l’hypothèse d’une intelligence entre ces deux séditions, ni même d’une interinfluence. Le premier soulèvement, celui de Lam, s’est rapidement éteint, en 1928, alors que la guerre de Karnou, parmi les Gbaya, devait durer, après la mort de Karnou survenue en 1928, jusqu’en 1930 et mobiliser des troupes plus nombreuses. 10Outre les archives coloniales, le dieu de Lam a bien eu droit à quelques mentions, de Jacques Lestringant 1964, Chantal Collard 1973 et Alain Beauvilain 1989 ; toutefois, aucun travail ne lui a été consacré. On peut s’en étonner. Pourquoi un historien camerounais aussi couvrant » que Mohammadou Eldridge 1934-2004, par exemple, ne s’en est-il pas saisi, ni n’a conseillé ce sujet à des étudiants de l’université de Ngaoundéré fondée en 1993 ? La question semble d’autant plus légitime que le lamidat de Mayo Loué, dont était originaire sa mère et duquel dépendaient administrativement les Gidar de l’Est, se trouve en première ligne dans les événements du dieu de Lam. 11Ce sujet apparaît aujourd’hui un peu démodé comme s’il n’avait pu être étudié en son temps. L’histoire du dieu de Lam n’en demeure pas moins ambiguë parce qu’elle relève d’un double combat contre les principautés peules et l’administration coloniale. Les ingrédients du prophétisme millénariste, toujours complexe, avec ses issues mystiques pagailleuses, peuvent aussi décourager l’analyse. L’étrangeté de ce soulèvement, réalisé sur ses marges et non dans son épicentre, Lam, suivi de son étouffement rapide, concourt à en faire un oublié de l’histoire. Il n’y aurait aucune nécessité à y revenir, n’était-ce pour le prophète, Toumba Modomdoko, personnage hors du commun, dont la carrière se prête à une constante réévaluation de la part de la société gidar. Le magistère de Toumba Modomdoko, dit Mangilva ou le dieu de Lam » 1 Les recensements, commencés en 1935-1936, se font plus précis en 1939-1941, mais le plus complet es ... 12Il est né à Lam, en pays gidar. Lam, déformation de zam, en kada, langue des Gidar, désigne, selon Jean Mouchet 1967, un énorme massif granitique planté en plaine. Bastion rocheux inexpugnable, ce massif a favorisé, sur ses piémonts, une concentration exceptionnelle de populations signalées par plusieurs administrateurs dans leurs rapports de tournée1. Il s’agit de quartiers agglomérés composés d’habitations en terrasses débordantes tebalka, parfois coalescentes, accompagnées de greniers de différentes factures, l’ensemble sous une rôneraie sans fin. Des haies composites à base d’Adenium obesum et d’Acacia ataxacantha corsetaient chacun des quartiers, tout en doublant leurs lignes défensives, côté plaine. Ces archéophytes sont longtemps restés en place à Kongkong, ensemble de villages au sein d’un semis de roches ruiniformes, en face de Lam. On en trouvait encore des traces dans les années 2000 alors qu’à Lam, l’administration coloniale avait ordonné leur démantèlement dès avant les années 1930. 2 Nos principaux informateurs, hommes d’âge pour la plupart, sont des proches de Mangilva, comme Damb ... 13Toumba Modomdoko, ou Na Domdoko, réside dans le sous-quartier de Bray, inclus dans celui, plus vaste, de Kisemo. Il est le fils de Saka Digisba, du clan Mandaway, celui des grands devins, encore que Saka lui-même ne professe pas. Sa mère, Diya, ou Diina Doduson, appartient au clan Makarba. Après la mort du chef de Lam, Nembata, fusillé par les Allemands, Lam connaît une époque de troubles. Dawaye Napal devient chef par intérim ; Saka, père de Toumba, est son notable principal. Il cherche à imposer par la force le pouvoir de Dawaye Napal et déclare vouloir mener la chasse de nuit » – autrement dit, faire disparaître les opposants. Mais les partisans de Douloum, fils de Nembata, l’emporteront, et Saka mourra empoisonné. La famille de Toumba appartient bien au cercle du pouvoir de Lam2. Carte 1 Carte de situation de la région de Lam © Christian Seignobos Un personnage singulier dès l’enfance 14Toumba a été élevé comme tout garçon gidar. Petit, il était chevrier, avant d’accompagner son père sur les champs. Il a le teint clair et, jeune, il est déjà replet. Son demi-frère, Damba Govdo, le décrit comme agoraphobe. Il sort d’un cercle de camarades dès lors qu’ils deviennent trop nombreux. Son comportement est jugé trop calme, trop réservé pour un garçon. Néanmoins, on ne saurait s’en émouvoir, le caractère prêté aux Toumba », nom classificatoire des troisièmes fils, chez les Gidar, étant celui d’êtres doux, peu aventureux voire benêts. Post-adolescent, il ne se mêle plus aux jeux et prend ses repas à part. En se désintéressant des filles, il s’engage dans une catégorie de célibataires volontaires boggor comprise comme sexuellement anormale. Cette déviance, conçue comme la conséquence d’un sort, ferait de lui un sorcier » potentiel. Dans son cas, ce trait sera transcendé comme le sceau d’une pseudo-divinité exprimée par Mangilva ». 15Après la mort de son père, il est recueilli par son oncle Govdo – qui hérite de sa mère –, lui-même devin réputé, dont il subira l’influence. D’après Chantal Collard 1977 329, le nombre de devins en pays gidar un pour une vingtaine d’enclos familiaux environ, est révélateur de l’importance de leur rôle et de la fréquence de leurs interventions ». Nombreux aussi sont les procédés divinatoires. Le jet de pailles coudées, par exemple, rend compte d’une divination domestique, celle des metaw gumda ceux qui étouffent le poulet, très courante chez les Gidar. Quant aux musu helgi devins aux pierres, ils opèrent à partir d’une table divinatoire, avec des artefacts disposés en demi-cercle. Ces dernières séances mantiques intéressent la vie sociopolitique de la communauté, aussi se déroulent-elles sous le contrôle des autorités du village. Les devins peuvent agir individuellement ou collégialement, selon la demande du chef. Dessin 1 Damba Govdo, demi-frère de Toumba 2005. © Christian Seignobos 3 Chez les Giziga, les Tupuri, les Gizey, l’habitation des plus anciens et puissants ritualistes est ... 16Toumba disparaît soudainement pendant sept lunes. Sa famille le pleure. L’histoire commence alors. Il serait âgé de 25 ans, mais aujourd’hui, on parle de 32 ans, lorsque Dieu [descend] en lui », mangilva gik azani, selon de nouvelles formulations dont nous aurons à reparler. Son histoire épouse dès lors le parcours du prophète inspiré. Lorsqu’il réapparaît à Lam, à l’aube, il porte des cheveux longs, hirsutes, ce qui, chez les Gidar, dénote une marque de possession, de folie. Il se déclare Mangilva na Bray », le divin de Bray, nom de son quartier et qui est aussi l’appellation du bouclier en bois de caïlcédrat des Gidar. À l’annonce de sa divinité, sa famille prend peur Comment vont réagir les grands notables ? » Mangilva refuse d’entrer dans la concession de son oncle et on lui construit une case à part, toute en vannerie3. Il cherche à se dégager des liens du sang, adopte une existence à l’écart et, pour mieux ce faire, il choisit de se soustraire au regard du commun. Son magistère, qui se déroule de 1924 à 1927, commence à l’époque des chefs Douloum, de Lam, et Méli Toumba de Kongkong. Toumba, le réformateur religieux 17Toumba est appelé Mangilva, le céleste », ou encore l’envoyé de Dieu » Mangilva det leuwa. Lui-même se présente comme celui qui tient la main de Dieu, naw narma vaho aza Mangilva » moi/agripper/main/à Dieu. 18Toumba va faire oeuvre de réformateur au sein du système religieux gidar. Il engage d’entrée deux combats émanciper les Gidar et les groupes voisins de l’influence tutélaire de Goudour, et limiter l’emprise sociale des forgerons sur la communauté gidar. Mangilva donne l’impression de vouloir solder l’héritage de Goudour, ancien grand centre religieux régional. Ce détachement de Goudour poursuit un long combat mené par les clans venus de l’Est et du Sud Mundang et Mambay – sa famille est issue de Léré, au Tchad – contre ceux préalablement établis, qui se revendiquent de Goudour. 4 Daniel Barreteau, communication de notes de terrain 1995, en cite d’autres, qui relèvent du même ... 19Goudour, situé à l’entrée des monts Mandara, au nord du pays gidar, fut un centre religieux exceptionnel dont l’influence toucha les monts Mandara et les plaines adjacentes sud-orientales. Il suscita, du xvie au début du xxe siècle, un énorme pèlerinage, qui cessera en partie, pour les plaines, avec la conquête peule, au début du xixe siècle Seignobos 2014. Un grand nombre de clans gidar comptaient parmi les plus fervents affidés de Goudour. Les routes de pèlerinage qu’ils suivaient passaient par des relais rituels où les délégations de pèlerins s’agrégeaient peu à peu à d’autres, chaque groupe composé de quelques représentants, marqués d’ocre au front, poussant devant lui un tribut de moutons, également estampillés d’ocre. À Hina, les Gidar ralliaient des délégations venues des pays gude, bana et kapsiki. La codification des parcours a pu varier avec le temps4. Ces délégations allaient formuler des requêtes venues de chaque village, alors que d’autres en déposaient de plus personnalisées. De ce pèlerinage, qui battait son plein à la fin de la saison sèche, les gens de Lam rapportaient des boules de mil de Goudour qu’ils mélangeaient à celles de Lam pour en distribuer des morceaux jusqu’aux plus lointains quartiers. Cette nourriture de Goudour » protégeait de la famine, des épidémies, des déprédateurs de cultures. Le pèlerinage de Goudour reste inscrit dans toutes les mémoires collectives, autant de celles des populations qui y ont adhéré que de celles qui ont essayé de s’affranchir de son influence. Mangilva ambitionne de se réapproprier le fonctionnement de Goudour, tout en le restituant dans une aire plus en rapport avec l’espace gidar. Il veut reproduire des échanges culturels et mercantiles dans le cadre protecteur d’une ferveur religieuse partagée, avec leurs côtés ludiques, compétitions de danses, de chants, de courses. Dessin 2 Éléments d’architecture du gla l’habitation gidar à l’époque de Toumba. © Christian Seignobos 20Mangilva se montre également hostile aux maîtres de la pluie gidar, propriétaires de pierres qui font pleuvoir buna et de celles qui bloquent la pluie kwoley, pouvoir qui leur vient également de Goudour. Il voudrait les voir indépendants de Goudour et ne relever que des prérogatives régaliennes locales. 5 Dong-Douvah, sous-quartier de Douvah, peuplé de forgerons également réducteurs de fer, sera toujour ... 21En s’attaquant aux forgerons, c’est encore Goudour qu’il vise car, si ces forgerons ne sont plus en lien avec Goudour qui, vers le xvie siècle, s’est coupé de façon radicale d’avec les gens de la forge, ils n’en revendiquent pas moins leur origine de Goudour, en référence à une époque où ils étaient puissants. Mangilva relance là un conflit déjà ancien contre la trop forte emprise des forgerons sur ces sociétés paysannes. La région de Goudour elle-même avait bien antérieurement écarté ce pouvoir en castant » les forgerons et en leur imposant d’enterrer les morts. Les Gidar apparaissent, à travers leurs chartes de cohabitation, comme les héritiers des plus anciennes institutions de la région. Mangilva demande de ne plus avoir recours aux forgerons en dehors de leurs activités de métallurgistes. Les Gidar, en effet, jurent de leur innocence sur la forge, véritable autel. Les ordalies les plus puissantes se déroulent toujours dans l’enceinte d’une forge. La deuxième année de son ministère, les sectateurs de Mangilva iront jusqu’à arracher les tambours de fer des forgerons du quartier de Douvah5 que l’on avait fait sortir lors d’une fête vouée à Mangilva, et qu’ils feront jeter dans une anfractuosité de la montagne. 22Toutefois, au fur et à mesure que les prêches de Mangilva se radicalisent et s’orientent vers un soulèvement contre le pouvoir colonial, ses envoyés, auxquels s’adjoignent nombre de délégations, mundang en particulier, lui conseillent de se réconcilier avec les forgerons le jour venu, il faudra en effet des armes en nombre et s’en servir. À Lam, le chef de guerre, le gambara, appartient au clan Mohoïsoko clan forgeron issu de Goudour. À Bray même, le quartier de Mangilva, croît un énorme tamarinier, l’arbre des forgerons, sous lequel se décide la guerre Collard 1977 316. 6 Tuya pl. tuyengue, appelé kuli chez les Mafa, Mofu, Giziga est présenté par tous les auteurs comm ... 23Poursuivant sa politique de monopolisation du religieux, Toumba va jusqu’à toucher au mécanisme et à la codification du médium essentiel celui de l’adresse aux mânes des ancêtres, les tuya6. Désormais, les sacrifices ne se déroulent plus sur les autels à l’entrée des concessions mais dans le secret des cuisines et en présence des femmes, et sous l’injonction de partager la viande des sacrifices avec ses voisins. Alors que les Gidar pratiquaient deux types de sacrifice – soit l’animal est étouffé eretni wulani, soit on lui brise la nuque endlu wulani –, Mangilva impose un seul sacrifice, celui de l’animal immolé ataw wulani. Il fait œuvre de réformateur – les nouveaux codes sacrificiels qu’il enseigne lui seraient directement inspirés du Dieu créateur Dieu du nombril ». Les élites chrétiennes d’aujourd’hui voudraient y voir un monothéisme avant la lettre. 24Mangilva entend s’approprier le calendrier des rites et le déclenchement des fêtes pour ainsi dominer l’intégralité de la vie religieuse. Dans la deuxième année de son magistère, il voudra être seul à décider quand et quel animal il faut sacrifier par là, il se comporte en maître de la terre supérieur. Il impose aux chefs de terre de sacrifier après lui, sur la place de leur quartier baldangay ; ensuite chaque chef de famille sacrifiera selon ses moyens. Lorsqu’il tente de s’accaparer, pour le transformer, le sacrifice de la croissance du mil et celui des récoltes, certains maîtres de la terre, refusant d’être relégués au rang de simples exécutants, s’exilent ; d’autres suivent, en rechignant, le signal désormais donné par le seul Mangilva pour ouvrir fêtes ou sacrifices. Des maîtres de la terre se dressent contre lui c’est le cas de ceux du clan Medefsere de Bidzar ou du clan Muldama de Lam, qui rejoignent d’autres opposants parmi les maîtres de la pluie, comme celui de Bidzar Miliya. Certains des disciples de Mangilva pensent qu’il va trop loin. Peut-on à la fois mener une révolution religieuse interne et conduire une rébellion à l’extérieur ? Lorsque, cherchant à regagner le soutien de ces chefs de terre, Mangilva tentera de faire machine arrière, il sera trop tard. Beaucoup s’afficheront plutôt aux côtés des chefs nommés par l’administration. Dessin 3 Toumba Modomdoko dit Mangilva ou le dieu de Lam ». © Christian Seignobos Dessin 4 Une poterie tripode. © Christian Seignobos 25Ce que cherche à faire Mangilva n’est pas fondamentalement nouveau. Dans le passé, le répertoire rituel a toujours été manipulé pour répondre à des intrusions extérieures ou à la volonté hégémonique d’une coterie ou d’un individu Van Beek 2017 45. Les actions de Mangilva ne sortent pas du cadre rituel en vigueur, elles ne sont qu’aménagements et puisent leurs inspirations dans un réservoir symbolique dont certains rites sont remis au goût du jour. Ce qui achoppe, c’est le calendrier trop rapide des réformes », même si les temps incertains et angoissants de l’arrimage de ces sociétés à l’administration coloniale en fournissaient le prétexte. Celui qui bouscula la société gidar » 26C’est ainsi qu’il est présenté par un certain nombre d’informateurs gidar. Tous s’accordent sur ce point il a voulu changer les rapports hommes-femmes. Lui-même refusa toute femme, sa part de divinité ne pouvant s’accorder avec le commerce charnel. Mangilva s’élève contre la violence faite aux femmes, interdisant qu’on les lie et qu’on les batte. Il prêche pour une forme d’égalité devant les fautes. Il contribue à faire cesser le monopole des hommes sur la nourriture carnée. Jusque-là, les femmes gidar n’avaient pas un accès libre à la viande, notamment celle des gallinacées. La viande se cuisinait dans les mezenzen, poteries tripodes, se passant de foyer dans la case vestibule, sous la surveillance du chef de famille qui, seul, avait autorité pour la distribuer. Avec Mangilva, les femmes préparent la viande, généralement celle des sacrifices, dans la cuisine avant de la répartir. Le chef de famille qui se trouve contraint de prélever des animaux dans le troupeau de sa femme doit payer avec des mesures de gabak, bande de coton de 4,5 cm de largeur, tissée par les hommes et utilisée comme unité monétaire. L’émancipation des femmes commence avec la nourriture – elles deviennent maîtresses de leur cuisine – et aussi par leur participation à la confection de mets rituels. L’introduction de ces nouveaux comportements au sein des familles rallie la gent féminine à Mangilva. 27Chez les Gidar, de même que chez les Daba voisins et les Kapsiki, la circulation des femmes dans la société est étonnamment fluide. Nombreuses sont les femmes qui se flattent d’avoir contracté une douzaine de mariages et plus. Le mariage par rapt ngumu est le plus répandu Collard 1977, souvent organisé par la fille ou la femme elle-même. Il peut aussi être provoqué par un père qui pousse sa fille à contracter ailleurs un mariage afin de récupérer dot et nouvelle alliance. La femme circulera ensuite pour visiter les enfants qu’elle a obligation de laisser auprès de ces précédents maris. Ce fut, par le passé, une façon d’étendre le tissu relationnel pour ces trop petites communautés dans l’incapacité de contrôler politiquement des espaces suffisamment vastes. Néanmoins, fluidité de la circulation des femmes ne signifie pas liberté de conduite des femmes au sein de la famille, même si les filles de chefs ont pu, plus que les autres, en tirer avantage. Mangilva va trouver ses plus fermes appuis auprès de personnages féminins que seule la société gidar était capable de susciter. Todou, fille de chef, femme de chef et mère de chef, fut une personnalité centrale de Lam à cette époque. Elle n’était pas d’origine gidar, mais la fille du chef daba, de Kola, proche du pays hina. Elle fut mariée au chef Moubaya, de Lam. À la mort de ce dernier, elle est héritée par son fils Nembata. Todou donne un fils à Nembata, Hamaoka, qui deviendra à son tour le chef de Lam. Elle sera ensuite héritée par Bakari, frère de Nembata. Une femme fait partie de l’héritage d’un homme, mais le statut de Todou lui donne une liberté de choix parmi ceux qui ont des droits sur elle. Todou est une femme dont on vantait encore la beauté lors de nos enquêtes, mais c’est plus encore sa personnalité que l’on a voulu retenir. Ces princesses sont libres de parole, souvent savantes et naturellement au fait des intrigues de cour. Avec l’âge, elles acquièrent le statut envié de conseillères dans les cercles du pouvoir. Leur vie rend compte de la complexité des relations sociales et de pouvoir dans ces sociétés. Dans le cas précis de Todou, même Mangilva recherche son influence. 28Bakari complote auprès du commandant » de Guider avec les turjman interprètes peuls du poste pour prendre le pouvoir à Lam et écarter son neveu Hamaoka. Todou décide d’aller vivre chez Mandi, frère de Bakari, et, de là, elle intrigue pour maintenir son fils Hamaoka au pouvoir, avec l’assentiment et l’appui de Mangilva. Todou a hérité de son père, chef et maître de la pluie à Kola, des pierres de pluie » dont de redoutables kwolay. Elle les transmettra à son fils et s’appliquera à le faire savoir. Dès lors, le conflit entre Hamaoka et son oncle Bakari se poursuit par le biais des attributs du pouvoir. Bakari, bien que nommé par l’administration, doit acquérir, de son côté, des pierres de pluie » que l’opinion juge peu prestigieuses, donc moins puissantes. Hamaoka se voit quant à lui gratifié, grâce aux siennes, de plus de pouvoir, au point que cet excès de tuya aurait été la cause de sa stérilité, ce que Collard 1977 321 signale également. 7 Wanaka donna deux fils à Méli Toumba, un fils à Douloum, un à Hamaoka et, enfin, un dernier à Tizi ... 29Au temps de Mangilva, une autre femme défraye la chronique, Manéké. Surnommée Wanaka, elle aussi bénéficie de la réputation flatteuse faite aux princesses. Mariée à Méli Toumba, chef de Kongkong, elle s’enfuit pour épouser le chef douloum de Lam, frère aîné d’Hamaoka, puis Hamaoka, devenu chef, et enfin Bakari7, devenu à son tour chef de Lam. Elle était la grand-mère du chef de Lam, Hamiti Tizi, au moment de nos enquêtes. 30Ces deux femmes très influentes furent, l’une comme l’autre, des soutiens indéfectibles de Mangilva. Celui-ci prend plutôt conseil auprès de Todou, dont il serait, selon l’un de nos informateurs, le directeur de conscience ». Ces déambulations matrimoniales de Todou et Wanaka entraînent des imbroglios politiques sans fin et engendrent des haines durables. Cette dernière, en particulier, devait accentuer les dissensions entre Lam et Kongkong. D’aucuns affirment que les affaires matrimoniales auraient été un élément, et non des moindres, qui poussa Kongkong à trahir Lam et à rejeter Mangilva. À la recherche des influences, gidar et extérieures, concernant Mangilva 8 Nous faisons référence, pour cette partie, à des éléments recueillis dans un document dactylographi ... 31Contrairement à l’hagiographie populaire qui en fait un prophète ex nihilo, Mangilva est bien le produit de la notabilité de la société gidar et de son ouverture au monde de l’époque. Loin d’être sorti de nulle part, il appartient à un clan de devins Mandaway, celui qui se réunit annuellement dans le bois sacré ou dans une grotte à Dahal près de Kongkong, pour la grande fête après la récolte tla net derdew8. 9 Chaque groupe, dans la région, dispose de rites pour prévoir les événements de l’année à venir, apr ... 32Dans cette grotte, les anciens du clan Mandaway réalisent des boules de terre représentant chacune un quartier. Ils montent régulièrement les inspecter. Si l’une se fend, ils la lissent à nouveau avec de l’argile fraîche. Au bout de quelques semaines, ils en tirent augure et déduisent, des boules fendillées, les menaces qui pèsent sur certains quartiers. On allume un feu et les orientations de la fumée confirment les indications premières. Dans cette grotte, est également déterrée une jarre de bière restée scellée depuis l’année précédente. Le collège des devins du clan Mandaway, associé à des chefs de terre, se réunit pour boire cette bière tout en listant les événements à venir pour l’ensemble de la communauté gidar et prévoir les sacrifices à réaliser pour obvier aux résultats manciques néfastes. Ils enterrent ensuite une nouvelle jarre pleine pour remplacer la précédente9. 33Après avoir soldé l’année qui vient de s’écouler, on jette un coq émissaire en brousse, vers Djougui, qui est censé emporter malheurs et maladies, puis on met symboliquement le feu à la brousse pour en chasser les dernières impuretés... La fête commence alors à Konkong, puis à Lam et dans tous les villages, selon un circuit où, au cours de chacune des fêtes, les Mandaway dévoilent les événements futurs révélés dans la grotte. Les femmes peuvent alors écraser le mil nouveau en plein air et chanter. 34Govdo, oncle et beau-père de Mangilva, est le second du grand devin mandaway, Tambayo, qui préside ce cercle prestigieux. Toumba est d’une certaine façon préparé au prophétisme, et il a même pu s’employer par la suite à convaincre certains devins que sa venue était annoncée. Dès 1926, Toumba se serait fait aider par certains devins pour libérer la voix des tuya » qui, sortant des mares comme émanant de puissances telluriques, se seraient ainsi exprimés en sa faveur. 35Si l’hagiographie officielle s’y oppose formellement, Toumba n’en a pas moins subi des influences peules particulièrement visibles dans sa réforme des conduites sacrificielles. Son nouveau sacrifice, il le dénomme le plus souvent da sadlaga sadaka des musulmans. 36Mangilva intervient dans les comportements alimentaires, interdisant – comme chez les musulmans – la consommation des animaux morts et non égorgés. Il ne boit pas de bière de mil. À cette époque, la bière, bouillie alcoolisée, est très contrôlée par la gérontocratie et ne se consomme guère en dehors des rituels ; or on l’a vu Mangilva entend bien les réformer. Il demande que, désormais, les cadavres des Gidar ne soient plus emballés dans des peaux de chèvres, mais dans un linceul de coton godon ou gabak, rejoignant là aussi une pratique musulmane. 37Toumba a pu acquérir des rudiments sur l’islam par quelques sorties sur des marchés extérieurs tenus par des Peuls. Il est avéré que, jeune, il accompagnait son père, Saka, qui s’exprimait un peu en fulfulde langue peule avec le notable Vatawlan qui, lui, le parlait au grand marché de Doumrou. Ils troquaient, contre des rouleaux de gabak, du gros bétail et des moutons pour le chef. Les peuls sont eux-mêmes présents à Lam, en particulier dans le commerce des perles, en rade foraine, à la devanture » du chef, pratique qui précéda les marchés ouverts par la colonisation chez les païens. Certains commerçants de perles et de sels s’installent même à Lam, comme ce curieux Mal Bello, un affranchi de Doumrou. Il serait venu apprendre la pharmacopée gidar auprès de tradipraticiens disna miya réputés, comme Zourmba Tambayo, Mal Bello livrant en échange sa propre science. Toumba, en auditeur silencieux, y aurait souvent accompagné Tambayo... Par la suite, Mal Bello intrigua dans la collecte des impôts pour le compte du lamido de Mindif. Suspecté d’être un agent double, il sera chassé de Lam quelques années avant que Mangilva ne s’engage dans sa vie de prophète. Les prédications de Mangilva 38Mangilva livre deux discours simultanés car il mène un double combat. L’un vise à subvertir l’oeuvre des ancêtres en y introduisant des nouveautés de nature à élargir le champ religieux gidar. Loin de vouloir être le prophète des seuls Gidar, Mangilva cherche à rallier les Daba, Giziga, Mundang, Mambay et Fali – mais une telle entreprise ne peut être réalisée que sur le long terme. 39Le second discours est celui de la prédication du prophète millénariste, à laquelle ne manque aucun canon. Il s’agit, en l’occurrence, d’allier à une parole mystique, inscrite dans le temps, les moyens d’un soulèvement brutal contre le pouvoir colonial exorbitant qui se met alors en place avec la construction de postes, de routes déjà automobilisables, l’arrivée du télégraphe, l’imposition de cultures riches », les recensements nominatifs qui contraindront à jamais au paiement de l’impôt, ou encore les miliciens et toute une hiérarchie de chefs au service de cette contrainte administrative. 40Mangilva prophétise un monde qui se détruira pour être remplacé par un autre qui ne sera pas celui des Blancs ». Il donne à voir un avenir autre, une sorte de monde d’avant » mais en meilleur, la terre sans mal » de tous les prophètes millénaristes. Sacrifices et privations sont présentés comme le nécessaire prélude à l’inévitable flot de bienfaits qui ne manquera pas de suivre le départ de l’administration coloniale. Toutefois, les discours que nous avons collectés demeurent avant tout très anti-Peuls. Ils peuvent se résumer dans cette diatribe Les Peuls ont pris nos fils comme esclaves, nos filles comme sulaa’be concubines esclaves. Ils ont tué les vieux pour détruire notre savoir, ont brûlé nos villages et razzié nos troupeaux. Les Blancs sont venus dominer les Peuls, qui voient aujourd’hui leurs forces décuplées grâce aux fusils des Blancs. Par la puissance de nos sacrifices les Blancs partiront aussi rapidement qu’ils sont apparus, les Peuls affaiblis sans leur tuteur seront à leur tour massacrés et chassés des plaines. 41Ces harangues empruntent au discours des devins, souvent allusifs, volontiers confus et plein d’énigmes. Sur cette fin du monde promise, les prêches délirants » ne le sont que par la méconnaissance que nous avons d’un langage prophétique partagé par la plupart de ces groupes, qui y trouvent leur intelligence du monde. Tous partagent ces infracroyances concernant, par exemple, les éclipses partielles de soleil qui manifestent le mécontentement de Dieu et cette peur continuelle d’un retour à la nature sauvage des animaux domestiques, etc. Il en va de même lorsque Mangilva annonce que la terre se couvrira de ténèbres, que chacun devra se barricader avec des réserves de mil, de son de mil, de fruits séchés comme pour parer à une famine. La lune va mourir, puis renaître et le peuple avec elle. Beaucoup mourront, les familles survivantes reconstruiront un monde nouveau. Cette ambiance millénariste s’accompagne de mots d’ordre visant à déjouer, par des sacrifices, les malheurs naturels et un cycle météorologique accablant. 42Les différents informants ont gardé en mémoire les injonctions à sacrifier du bétail et les mots d’ordre de Mangilva mafate », égorgez ! » pour prévenir une épidémie ; égorgez ! » pour éloigner la sécheresse ; égorgez ! » pour provoquer un soulèvement. Dans le même temps, ses directives à l’encontre de la colonisation se bornent à refuser de payer l’impôt de capitation le garaama ou d’utiliser des pièces de monnaie – pataka 2 F, suley 1 F, et siisi 0,50 F au détriment des bardaw fer de houe aplati, gabak et mazla cauris, jake en fulfulde. 43Le parcours de Mangilva en tant que prophète peut s’envisager en deux temps. Les deux premières années sont employées à imposer une nouvelle forme de religiosité, refondant les rituels, les simplifiant, les rendant plus compréhensibles au plus grand nombre, musulmans compris. S’il essaie de s’imposer aux chefs de terre, il se garde, au début, de les affronter dans leur pouvoir politique et celui de leur justice, prérogatives qui leur permettent de tenir leur rang. 44La dernière année, poussé par les zélotes sortis de la foule des pèlerins, son discours se radicalise et se fait plus violent, le soulèvement approche. Se sentant suffisamment forts, ses disciples » vont pouvoir disperser des réunions de contestataires. Il est à remarquer néanmoins qu’il y a peu de violences physiques, un certain nombre d’opposants se voyant contraints de quitter Lam. 45Mangilva sait que sa révolution religieuse » lui a aliéné le cercle des notables, aussi recherche-t-il un consensus auprès des maîtres de la terre. Grâce à la richesse que génère l’énorme pèlerinage de Lam, il parviendra à en acheter » un certain nombre. Lam, centre de pèlerinage 1925-1926 46Au sein de cette mosaïque de populations disparates ne pratiquant ni les mêmes langues, ni les mêmes cultures, existe, moins visible, un ensemble d’infracroyances et de symboles partagés dans le cadre d’une commune religion du mil » des façons de se conformer face à la mort, de se purifier, de jurer de son innocence... Surtout, ces populations partagent les mêmes aspirations face aux maux qui les assaillent, épidémies, invasions acridiennes, sécheresses... Qu’un centre religieux émerge pour répondre aux angoisses des hommes, à leur recherche de fécondité, de réussite dans leurs entreprises alors les foules accourent. Qu’un pèlerinage se crée, et avec lui se dessinent des chemins propres à décloisonner toutes les petites patries ethniques, des clauses de circulation avec sauf-conduits, objets ou marques auxquels tous vont adhérer. Ces cultes, en rassemblant des foules, drainent – pour l’époque – d’énormes richesses. Ils seront aussi des lieux d’échange et d’intrigue politique. On est surpris de la rapidité de leur mise en place. Dans le passé, certains ont été éphémères, tandis que d’autres, comme Goudour, se sont institutionnalisés sur plusieurs siècles. Les envoyés de Mangilva 10 Dawaye Nday, un forgeron mohoïsoko, Garzam du clan Mandaway et bien d’autres encore Dlogomo Paliy ... 47Dès son retour à Lam, Mangilva fait mander ses amis Dawaye Nzalam, de Nyoua, et Dawaye Loblob, de Kongkong. Il leur révèle que Dieu est en lui et il les envoie accomplir les premiers sacrifices propitiatoires. Par la suite, il recrutera d’autres disciples10. Ils sont désignés comme la faada – le conseil », chez les Peuls – de Mangilva. Dawaye Nzalam est l’interprète de Mangilva lorsqu’il vaticine derrière l’écran de sekko de son enclos. 48Les autres sont des envoyés de Mangilva qui résident et se déplacent chacun dans sa province. Ces disciples-envoyés sont appelés metive ou encore gewled nani, en gidar. Certains les désignent par gawla ou encore, comme pour les Peuls, par azia adjia. Dawaye Nday est le représentant de Mangilva pour tout le pays gidar. Dawaye Loblob a la responsabilité du pays mundang de Léré, Garzam officie auprès des Giziga de Midjiving et de Moutouroua, et Dlogomo auprès des montagnards daba et hina. Ils sont envoyés selon la connaissance qu’on leur attribue des langues et moeurs de leurs voisins. Sur place, ils résident dans l’entourage des chefs locaux comme représentants officiels de Mangilva. Des représentants proprement daba ou mundang, également investis par Mangilva, iront toucher des groupes plus périphériques encore. 49Leur mission première est d’enseigner les pratiques sacrificielles de Mangilva, les nouveaux rituels, puis de veiller à leur bonne exécution. Ils reprennent exactement le rôle endossé par les envoyés du grand Goudour et les mêmes pratiques, consistant à se déplacer sans être vus la nuit et à rester enfermés le jour. La charge rituelle portée serait trop forte pour le commun des mortels, et, plus précisément, les femmes et les enfants. Toumba, une fois mis à l’écart dans son camp de sekko et sous ses auvents, se conforme à l’étiquette du chef de Goudour, qui ne saurait apparaître en public et ne sort qu’à partir du milieu de la nuit. 50On se déplace encore – en l’absence de langue véhiculaire –, comme cela se faisait durant la période précoloniale, en s’appuyant sur le relais des alliances matrimoniales. Ainsi un représentant de Lam arrivé à Lara, chez les Mundang, pour prêcher le céleste de Lam » wofa lam peut-il résider chez un frère du chef, avant qu’un Mundang de Lara, parlant tupuri, l’escorte dans sa belle-famille chez des Tupuri de Doubané... Grâce à la paix coloniale, au cours de cette décennie 1920, les gens se déplacent librement, quoiqu’en armes. Aussi, le pèlerinage de Lam va-t-il rapidement connaître un grand essor, brassant Gidar, Mundang, Mambay, Daba et Fali. Tous se découvrent une conscience régionale jadis plus pressentie que vécue. C’est là sans doute le véritable miracle » de Mangilva. Dessin 5 Le camp du dieu de Lam » à ses débuts, reconstitution. 1. La cellule de Toumba ;2. L’espace d’attente abrité par des auvents ;3. L’esplanade pour les danses et autres manifestations ;4. L’enclos de réception des offrandes des pèlerins ;5. Les maisons des oncles » de Toumba, avec les greniers de stockage des dons ;6. Les corrals pour les offrandes de bétail. © Christian Seignobos Le camp du dieu de Lam 51Dans le quartier de Bray, le camp du dieu de Lam ressemble à une enclave singulière avec, presque au centre, la demeure de Mangilva entourée d’une double enceinte de sekko tressés par les spécialistes des architectures de vannerie, les Giziga voisins de Moutouroua. Des hangars accueillent la foule qui attend pour présenter ses requêtes avec, à l’arrière, une aire pour les réjouissances et les danses. Rapidement trop étroite, elle sera remplacée par une autre, plus vaste, à l’entrée de Lam. Les pèlerins trouvent à se loger pour la nuit dans les différents quartiers. 11 On collectait les way tu’buza bomeeje en fflde, lingots de fer cylindriques de Pala, les bardaw, ... 52On observe également trois corrals pour les bovins, caprins et ovins, une aire pour verser les dons en mil, niébés, arachide. Les greniers de réserve sont placés sous la surveillance des oncles et frères de Mangilva. On signale aussi des magasins pour entreposer la monnaie de fer11 et les rouleaux de gabak. 53Les Daba de Mousgoy, les Hina, les Fali de Libé sont les plus gros contributeurs de fer bardaw et de petit bétail. Les Mambay et les Mundang de Léré apportent des paniers de poissons secs, des bovins et même des chevaux. On comptabilise les fers venus de chez les Kado, des poneys de chez les Musey... En 1925-1926, Lam est présenté comme une véritable ruche durant les mois de saison sèche. Selon les ultimes témoins de cette période, les offrandes affluent continuellement comme des retours sans fin de razzias ». 12 Il s’agit d’un métier horizontal à pédales, à bandes étroites, qui appartient au vaste complexe de ... 13 Cache-sexe en rideau de devant bleu, blanc, jaune, rouge ; ou triangulaire, sur cuir, avec perles ... 54La journée durant, tout un personnel s’active pour aménager ce camp de paille et vanneries, extensible et rétractable en fonction des arrivées et des départs des pèlerins. La famille de Mangilva, ses disciples ainsi que les adeptes secondaires de cette rénovation religieuse apparaissent, à des degrés divers, comme les bénéficiaires du système mis en place par Toumba. Les gens de Lam parlent de cette époque comme un sommet dans l’art du tissage pourtant récemment introduit par des colporteurs bornouans. Chaque concession dispose d’un à deux métiers12. Lam se met à cultiver intensivement deux variétés de cotonniers pérennes, empruntées aux Peuls de Binder, Gossypium arboreum et G. hirsutum. Avec le pèlerinage, la production de gabak de Lam connaît un grand succès. De nombreux enclos montent des canevas pour réaliser des cache-sexes perlés avec leurs jeux de couleurs, leurs trompe-l’oeil propres à alimenter de véritables concours d’élégance13 – au point qu’un certain nombre de nos informateurs ont pu affirmer que les bonnes choses avaient commencé à arriver avec Mangilva ». 55Le pèlerinage permet d’agrandir le cercle d’appartenance et de diffuser les nouvelles pratiques rituelles de Mangilva. Il provoque un premier brassage, inusité, de groupes qui font assaut de séduction à travers des chants, des danses, des coiffures, des parures... Comme à Goudour, le pèlerinage est d’abord festif, les délégations viennent avec la joie », parées de leurs plus beaux atours, accompagnées de différents tambours et d’une grande variété de flutiaux et de sifflets. Les Gidar de Lam, héritiers de ces fêtes du pèlerinage, ont, jusqu’au début des années 1980, présenté les meilleurs ballets et les plus belles parures, en particulier lors des fêtes des récoltes. Ces fêtes seront courues par tout le monde coopérant des années post-indépendance 1960-1975 et, lors de concours de danse, les ballets de Lam seront assurés de les remporter signalé également par Collard 1977 315. 14 Il existe chez les Mundang, et surtout chez les Musey, des collèges de possédées. Leur présence ren ... 56Les gens sont canalisés pour se présenter devant Mangilva dans une sorte de pre-naos. Le jour, il s’exprime sans élever la voix, de manière monocorde, derrière un écran de sekko, entre propos audibles et vaticinations que l’on doit traduire aux pèlerins. Les salutations types se succèdent Nous sommes venus rencontrer le bien, car nous avons appris qu’il y a ici la présence d’une divinité. » La délégation décline son origine et formule ses requêtes. On vient implorer la protection de Mangilva de façon collective contre les épidémies, la variole mondek – chez les Gidar, on jure aussi de son innocence sur ce mal – ou la méningite mataw hula... On vient quémander plus de vigueur virile, plus de fécondité, de réussite sociale ou encore d’ être aimé par le chef »... Il existe auprès de Mangilva un collège de femmes qui compose des chants de louange en s’accompagnant de flûtes, mais il ne s’agit pas ici de femmes possédées par un quelconque esprit14. 15 Lorsque nous étions VSN volontaire du Service national, en 1970, nous nous sommes rendu sur la ro ... 57À partir du milieu de la nuit, Mangilva a une façon très particulière de délivrer ses messages, juché sur des fourches faîtières des plus hauts caïlcédrats de Lam. Les informateurs rappellent son inépuisable débit de paroles et ses cris impressionnants dans la nuit. D’autres disent qu’il utilisait la voix des tuya ou mélangeait les deux. Cette façon de délivrer des messages n’est pas propre à Mangilva, les chefs de quartier ayant l’habitude de se hisser sur leur grenier, la nuit, pour révéler plus en détail les résultats de la divination annuelle d’après les récoltes. Les divulgations passent par un mode particulier de tessiture. Vers le mois de novembre, dans les villages de Bidzar, Biou et même Boudva, on peut entendre la voix des esprits ancestraux », traits qui, pour Collard 1977 122, serait plutôt mundang. Ces voix de tuya » s’expriment sur le mode aigu et le plus souvent à partir de rochers ou d’arbres. Des artifices techniques dissipent la voix, dont il est difficile de saisir l’origine Yves Plumey 1990 232-23315. 58Viennent à Lam d’autres délégations plus politiques. Les Mundang de Léré, de Garey et même les Kado de Pala et des Peve, pourtant éloignés, se révéleront les plus réactifs aux messages de Mangilva. Les délégations les plus prestigieuses viennent de Léré avec le prince Gadianka, qui se présente lui-même comme le porte-parole de Mangilva. La ferveur populaire pousse bien des chefs à venir porter allégeance à Mangilva villages de Libé, Roum, Mijiving, Mousgoy – la nuit, afin de ne pas éveiller les soupçons. Même des Peuls de Bindir et de Mindif envoient des émissaires-espions pour évaluer ce bouillonnement religieux, dont ils redoutent les conséquences. 59L’influence de Mangilva atteint, à l’ouest, les monts Mandara, Gude non inclus ; au sud, les Fali du Peské-Bori ; à l’est, les Mundang de Torok et les Tupuri de Doubané. À son point extrême, elle touche des fractions musey, jusqu’au Logone, où les populations se montrent toujours prêtes à entrer dans quelques alliances batailleuses et à rallier de nouveaux cultes religieux Jacques Vossart 1971 136. 60Le messianisme a besoin, pour fonctionner, d’opacité, aussi les mots d’ordre émanant de Mangilva trouvent-ils des interprétations diverses. Mais, autour de ses prêches se crée un véritable fonds émotionnel commun. Mangilva va se trouver peu à peu prisonnier de ses propres discours et de l’atmosphère de ferveur que dégagent ses oracles au cours des pèlerinages. 61Avec le recul, certains informateurs constatent qu’il existe une véritable dissonance entre les harangues vindicatives de Mangilva et le déroulement très amène du pèlerinage sans exaltation populaire, ni rixes. On n’a pas connaissance d’une atteinte à l’ordre public, et l’administration coloniale s’en est aussi peu préoccupée. On constate que l’aire du pèlerinage n’est pas superposable totalement, loin s’en faut, avec celle du soulèvement espéré. Certains groupes n’adhéreront qu’au message religieux. Il est, en revanche, à remarquer que ces mots d’ordre seront porteurs d’une grande force de subversion au Tchad, dans des communautés réceptives, pour affronter l’administration coloniale. À partir des directives plus ou moins fantasmées de Mangilva se dessine alors un réel plan de subversion. Son discours tire bien sa légitimité de la colonisation qu’il prétend combattre et dont, sans cesse, il égrène les méfaits. À défaut d’un but clair, les prémices de ce soulèvement expriment un sens évident qui, toutefois, semble avoir échappé aux chefs de subdivision. Pour une administration tout à sa mission civilisatrice, la réalité objective est hors de propos elle n’entre pas dans le champ du message colonial et elle reste méconnue. Ainsi se montre-t-elle incapable de reconnaître les signes religieux et de s’intéresser à ce phénomène, pourtant on ne peut plus visible, que fut le pèlerinage de Lam, et dont aucune mention n’est faite dans les archives. L’administration coloniale militaire ne peut envisager chez les haa’be un ennemi capable de se dresser contre elle. À la découverte de Toumba, les militaires en restent à ce syllogisme le dieu de Lam », baptisé sorcier », comme tous les sorciers, devins et apparentés, n’est qu’un agitateur potentiel de sa seule communauté villageoise. Ils ne peuvent soupçonner la rapidité de propagation des mots d’ordre de Mangilva dans un tissu ethnique aussi étendu et divers. Ainsi le soulèvement du dieu de Lam » les prendra-t-il totalement au dépourvu. Dessin 6 Les danseurs de Lam 1972 reprenant des chorégraphies initiées lors des pèlerinages de Lam des années 1920. © Christian Seignobos Le soulèvement du dieu de Lam au Cameroun et au Tchad 62L’irruption de la colonisation a ravi aux païens de plaines du nord du Cameroun une revanche qu’ils préparaient de longue date contre l’occupant peul qui les avait spoliés de leurs terres et acculés depuis un siècle sur des sites défensifs. Certains s’étaient mis à l’école des armées peules et leurs cavaleries caparaçonnées pouvaient rivaliser avec celles de n’importe quel lamidat. C’était notamment le cas des chefferies de Léré, Biparé, Lara, Hina et Mousgoy. Les païens avaient, par ailleurs, aménagé et fortifié des sanctuaires dont les armées peules ne pouvaient venir à bout elles multipliaient les sièges infructueux, qui devaient être levés dès l’arrivée des pluies. À la fin du xixe siècle, les interventions peules n’opéraient que sous la forme de coalitions le plus souvent conduites par l’émir de Yola lui-même. Une sorte de royaume ambulant se déplaçant à travers cette immense province de l’Adamawa permettait tout à la fois de contrôler des vassaux indociles et de contenir les païens insoumis. Pour empêcher ses vassaux peuls yillaga des lamidats de Mindif, de Binder et de Bibemi de trop s’accroître, l’émir favorisait des allégeances directes à Yola pour certains chefs païens, moyennant une conversion à un islam de façade, comme ce fut le cas pour Léré Seignobos et Tourneux 1978 et Libé. Ces campagnes pendant la saison sèche devenaient une forme de gouvernement alors que les razzias se montraient par ailleurs de plus en plus improductives. Depuis leurs places fortes, en revanche, les païens lançaient des raids sur les routes caravanières, en particulier celle de Maroua-Garoua-Yola, sur les piémonts orientaux des Mandara, qui traverse le pays gidar. 16 Nous reprendrons la définition de kirdi » dans Baudelaire, 1946 10. Ce mot “kirdi” appartient ... 63À la veille de l’arrivée des Allemands, en 1900, l’émir Zoubeirou assiège Lam une dernière fois durant plus d’un mois, sans résultat. Une dizaine d’années auparavant, c’est l’émir Oumarou Sanda qui avait cherché à s’emparer du rocher de Lam, le siège étant conduit par Yerima Iya. L’armée peule campait à l’arrière de Mayo Loué, poste de surveillance plutôt que lamidat, créé tardivement, vers 1860, dans un souci stratégique pour contenir les Gidar à l’est et les tenir éloignés de la route Maroua-Yola Eldridge 1988. L’armée de l’émir ne réussit pas à affamer les Gidar, dont la montagne recèle des points d’eau abondants et des réserves régulièrement entreposées. Les Peuls décrivent par ailleurs les Gidar comme des hordes de cynocéphales faisant rouler sur eux des pierres. Les insécurités dans ces commandements païens » devaient se poursuivre jusqu’au début de la période coloniale, aussi Guider en 1922, comme plus tard Kaélé, seront-ils des postes administratifs créés ex nihilo pour protéger les différentes voies de Garoua à Maroua, menacées par des turbulents kirdis16 ». 64Les lamibe chefs peuls se mettent rapidement au service de l’administration coloniale, tout en cherchant à la subvertir et à l’utiliser à leur profit, en particulier durant la première période, celle de l’administration militaire. Les lamibe n’ont qu’un discours les haa’be sont rebelles à votre autorité, aidez-nous à réasseoir notre pouvoir sur eux et nous les ferons obéir ». Or, dans le passé, les lamibe n’ont jamais gouverné ces communautés haa’be, les Gidar en particulier. La prétention de vouloir faire lever les impôts pour l’administration par ces anciens razzieurs était, pour les Gidar, inacceptable. L’administration militaire ne voudra jamais admettre que le truchement peul leur aliénait irrémédiablement les groupements païens et qu’il fallait les affranchir de cette tutelle. Cela était d’autant plus insupportable pour les Gidar de Lam qu’ils étaient restés indépendants – si l’on excepte une forme de cotutelle nominale, jamais effective, entre deux grands lamidats peuls yillaga rivaux Mindif et Binder. Aussi la soumission de Lam, sur ordre de l’administration, au plus picrocholin des lamidats peuls, Mayo Loué, était-elle particulièrement inadmissible. Elle alimenta une rancoeur qui ne put s’exprimer en 1927, mais qui éclatera une dizaine d’années plus tard. Le monde qui s’offre aux haa’be à travers l’administration coloniale leur semble incompréhensible dans ses démarches et dans ses objectifs. Les représentants de cette administration, peu nombreux, et changeant sans cesse, leurs séjours ne durant que de quelques mois à moins de deux ans, réclamant trop de respect », semblent trop inaccessibles pour que puisse être établi le moindre rapport personnel. Quant aux interprètes officiels turjman des Peuls ou des foulbéisés, ils sont autant au service du commandant » que des lamibe dont ils sont parfois restés les sujets. Une société gidar ingouvernable, la pétaudière de Lam 65Dans la société gidar de Lam, le pouvoir est partagé par une infinité d’autorités qui se combinent, s’ajoutent et souvent s’annulent. Nous ne retiendrons que les clans qui gravitent autour du chef ». Ils appartiennent pour l’essentiel à deux sphères les plus anciens viennent du Nord via Goudour, alors que ceux récemment installés revendiquent des origines de l’Est et du Sud. Ils n’ont de cesse de réaménager une charte de cohabitation toujours ressentie comme provisoire. 66Le maître de la terre du clan Muldama, venu de Goudour, est un faiseur de chefs. Il est à la tête du cénacle de notables, des aînés de lignages, qui nomme le chef politique » parmi un clan des chefs de pluie. Selon les circonstances, ce cénacle peut déposer le chef, au terme d’une séance de devins que le maître de la terre aura commanditée. Ce contre-pouvoir institutionnel fait de lui un perpétuel agitateur rompu aux alliances et retournements d’alliance entre les aînés de lignages, souvent chefs de quartier. Des notables comme le chef des forgerons – souvent aussi chef de guerre clan Mokoïsoko –, celui des devins clan Mandaway, le chef du vent » clan Madirgirgiya, qui contrôle à la fois tornades et feux de brousse, peuvent par ailleurs, selon leur personnalité, être des opposants potentiels au chef de terre. 67Les derniers chefs à avoir été nommés par ce cénacle furent Goubay Zoua, son fils Moubaya Goubay et Nembata, fils de Moubaya. Ce dernier sera exécuté par les Allemands en 1905, pour avoir refusé de se présenter devant eux et avoir fui sur la montagne. L’administration va alors nommer Douloum Nembata. Affranchi du cénacle de notables intronisateurs, Douloum comprend que ce changement l’autorise à monopoliser tous les pouvoirs, dans la mesure où il n’a de compte à rendre qu’au bureau barriki de la subdivision. Cette logique cumulative se révèle inacceptable pour la gérontocratie gidar. Le chef de terre Laadi, forte personnalité de Lam, convoque alors le collège des notables et met en accusation Douloum. La diatribe conduite par Dikani, frère de Laadi, peut se résumer ainsi Es-tu toi, Douloum, le seul maître de Lam ? » Douloum va se plaindre de ses opposants » à la subdivision. Dikani doit s’exiler au Tchad. Douloum crée alors un contre-cénacle avec ses propres notables. 17 Le gisement de marbre de Bidzar a été découvert par le Dr Otto Mann dès 1910. La cuisson a commencé ... 68Non seulement les Gidar ne comprennent pas les nouveaux codes coloniaux, mais ils ne peuvent échapper aux obligations dictées par l’administration. Le poste de Guider, près du lamidat peul de Mayo Loué, témoigne de cette double sujétion. Le Cameroun, placé sous mandat, ne se verra pas imposer la culture du coton comme au Tchad. Toutefois, les Gidar vivent comme une véritable contrainte17 l’entretien des fours à chaux. Dès 1923, il faut fournir des corvées de bois de chauffe pour les fours, lesquelles ne seront levées ni pour les semailles, ni pour les récoltes. Le cadre de l’indigénat implique également des obligations de portage et de construction de routes Garoua-Maroua. Une première route passant par Guider et Lam est tracée. En 1923, on s’aperçoit qu’elle traverse des zones détrempées et, de surcroît, situées en pays giziga, toujours pas astreint au rôle de l’impôt pour cause d’insécurité. Ce tracé sera temporairement abandonné. Il faut revenir sur les piémonts rocailleux des Mandara, route qui sera ouverte en 1925. Un réseau de pistes secondaires rayonnant à partir de Guider verra son achèvement en 1927. 18 Le capitaine Charles Vallin, dans une lettre adressée à M. le commissaire de la République, en 1931 ... 19 Rapport de tournée effectuée du 14 au 24 mars 1927 par Lenoir, chef de la circonscription de Maroua ... 69Le portage implique une charge pour les populations riveraines des routes. Elles doivent non seulement des prestations d’entretien, mais aussi l’alimentation en eau de grosses jarres pour les porteurs et, tous les 15 kilomètres, l’entretien d’un campement administratif. Le bon fonctionnement de cette infrastructure de base sert à noter les chefs locaux et à se faire une idée de la qualité de l’encadrement des populations18. Un tribunal civil est ouvert à Guider, la même année, tandis que les premiers marchés de brousse sont créés, d’abord à Djougui. Les Gidar se sentent à la fois étouffés administrativement et épuisés par des réquisitions sans fin. Il faut ajouter à cela un contexte climatique défavorable dans lequel se développent les prédications et les campagnes de sacrifices de Mangilva. En 1925, une saison de pluies très mal distribuées entraîne des récoltes déficitaires, provoquant une disette. Les années 1926 et 1927 seront également médiocres quant aux récoltes19. Les préparatifs du soulèvement 70Les mots d’ordre venus de Lam, mêlés aux injonctions de procéder à des sacrifices, parlent de chasser l’occupant colonial et le Peul. Ils demandent aussi de se préparer » – comprendre fabriquer des armes et faire des réserves. Des régions entières se préparent » alors qu’à Lam, on cherche désespérément un leader pour prendre la tête de la sédition. Aucune stratégie n’est réellement arrêtée. Les chefs de guerre appartiennent à des cercles concurrents jaloux de leurs prérogatives, et qui ne sont investis que le temps d’un conflit. Aucun ne possède une envergure réelle, ni n’a véritablement l’onction de Mangilva. Lui-même est peu à l’aise dans le monde des armes. On s’emploie à chercher ailleurs. Mais les meneurs d’hommes que rencontrent les gambaredi chefs de guerre gidar auprès des autres ethnies n’ont pas les mêmes attributs et n’endossent pas le même rôle dans leurs communautés respectives. De gros problèmes d’intercompréhension se font jour. Ces rencontres, en revanche, donnent lieu à maintes agapes. On y boit beaucoup et on ne règle rien. Le bilbil appelé biya chez les Gidar, bière de sorgo légère, différente de la bouillie alcoolisée traditionnelle, fait son apparition à Lam. Bien que Mangilva n’y soit guère favorable, la bière, sous sa nouvelle recette, échappe au monopole de la gérontocratie pour commencer à devenir ce qu’elle est aujourd’hui encore le socle de la vie sociale. 71On semble s’accorder sur un chef de guerre comme Maydoula, qui donnera le signal mais sera peu de temps après désavoué par les chefs de guerre des villages voisins. À Lam même, on n’en fabrique pas moins des fers de lance, des flèches, des coutelas. Chaque guerrier doit disposer de deux carquois de 50 à 60 flèches. On confectionne aussi des boucliers de cuir. On fait des réserves de boulettes de poison sagittaire au Strophantus sarmentosus, apportées par les Hina et que l’on enferme dans des poteries entreposées au sec. 72Jusqu’à la fin de l’année 1926, à la veille du soulèvement du dieu de Lam, le lieutenant Sempéré, chef de la subdivision de Guider, de même que son supérieur, le capitaine Coste, chef de la circonscription de Garoua, manifestent une totale ignorance sur ce qui se prépare. Continuellement accaparé par les lamibe peuls comme celui de Mayo Loué, Sempéré affirme, dans un de ses rapports, que l’apprivoisement des kirdis est en bonne voie. Ils apportent poulets, oeufs et farine de mil au commandant et partout l’accueil est empressé ». Les quelques villages qui ne paient pas l’impôt sont forcément désignés comme des repères de bandits ». Lui s’emploie à faire rentrer l’impôt, brûle le saré habitation des réfractaires et rase celui de l’arnado chef païen qui ne se présente pas à lui, appliquant ainsi les consignes à la lettre. Il dit aussi se battre pour faire cesser la traite qui se poursuit effectivement et reconduit les captifs dans leurs villages. C’est alors qu’il est pris dans un guêpier kirdi ». En 1925, le lieutenant Sempéré, accompagné d’envoyés du lamido – ce qui, comme toujours, attise la haine des kirdis – manque de succomber dans une attaque de plusieurs centaines de Fali à Gola, près de Bossoum. Avec seulement un sergent et neuf gardes, il doit forcer le passage d’un col pour regagner le campement de piémont et ses chevaux. Le bilan fait état de cinq tués kirdis et de six blessés, du côté du chef de subdivision. Mais, pour le lieutenant Sempéré, il ne se passe rien à Lam. Les bons kirdis sont ceux qui travaillent aux fours à chaux à Biou et Bidzar. Il réclame enfin pour eux de suspendre le travail pendant la période des récoltes. À ses yeux, des kirdis réfractaires fourmillent parmi la population soumise et nous [...] font un tort considérable. Il existe notamment dans les villages de Lam, Kongkong, Bédouvard, Karba, Balia, quelques mauvaises têtes que l’éloignement du poste met en sûreté ». Jamais Sempéré ne mentionne Mangilva. 73Pourtant, dès 1926, le chef de la circonscription voisine de Maroua, au nord de Guider, relève, lui, une grande effervescence chez les Giziga de Midjiving, les Mundang de Boboyo et Gadas attaques de convois et plusieurs meurtres commis sur des trafiquants voyageant isolément [...]. En janvier dernier une tournée pourtant bien menée du lieutenant Lebreuil, chef de subdivisions [Maroua] dans ces centres rebelles n’eut qu’un effet très momentané ». À ce moment-là, rien, dans les différents événements armés chez les Fali de Bossoum, les Daba ou les Giziga et les Mundang, ne laisse penser à une convergence possible, ni que les uns et les autres soient en relation avec Lam. Toutefois, les administrateurs de Maroua reconnaissent, eux, que l’agitation semble gagner tout le pays. Ils relèvent notamment une suractivité, chez les réducteurs de fer et les forgerons, dans les régions traditionnelles de fabrication de loupes de métal avec la limonite recueillie pendant la saison des pluies dans les mayos, chez les Daba. Enfin, parmi les administrateurs de Garoua, le chef de circonscription Coste signale dans un rapport de 1926, que les nouvelles transmises [envoyées par les lamibe] étaient mauvaises beuveries où les féticheurs promenaient des flèches qui devaient tuer le blanc. Les villages fali de Bossoum et de Réoci devaient faire leur la cause de Gola », poussés par des messagers du dieu de Lam – ce que ne dit pas le rapport. Tout en relativisant ce bouillonnement, le capitaine Coste n’en décide pas moins de grossir de vingt-six gardes les effectifs de Guider. On compte deux sentinelles dont une à la prison, un caporal et sept hommes, les autres gardes assurent la surveillance des Kirdis travaillant aux fours à chaux [...], deux sont mis en escortes ou se voient confier des missions particulières. En admettant qu’il n’y ait aucun malade, le lieutenant [de Guider] ne dispose que de douze hommes [...]. Je demande que l’effectif du poste soit complété au chiffre fixé qui est de trente-trois hommes. C’est un minimum ». Douze hommes » aurait été par ailleurs le chiffre réglementaire pour une escorte en pays kirdi. Trente-trois » hommes sera l’effectif qui aurait dû faire face au soulèvement du dieu de Lam. La guerre de Lam n’aura pas lieu 74Alors que les troubles commencent à éclater un peu partout dans la région, entre Mindif et Léré, et dont les Peuls sont les premiers à faire les frais, Lam attend toujours le signal de la révolte. Un soulèvement sans meneur d’hommes 75Les Gidar sont surarmés, les chefs de guerre se disent prêts à diriger chacun leur contingent de guerriers... Les jours passent et la population de Lam se trouve comme paralysée devant la décision à prendre. La révolte s’enlise dans le marais des multipouvoirs de la société gidar. 20 Depuis le 21 février 1922, la circonscription du Nord-Cameroun a été divisée en deux, une subdivisi ... 76Douloum, chef de Lam – par intermittence – depuis 1918, continue de réaffirmer, haut et fort, ne tenir son pouvoir que de l’administration et non plus du chef de terre et du cénacle des notables. Laadi, le chef de terre, va chercher à le faire chuter à nouveau. Dans les années 1920, tout le monde continue, peu ou prou, à pratiquer la traite ; or Douloum a vendu une femme peule contre quatre boeufs. Un notable, Viyou, poussé par Laadi, va le dénoncer au chef de subdivision de Maroua20. Douloum, comme tant d’autres chefs à cette époque, sera arrêté pour fait de traite ». 77Le bureau de Guider remplace Douloum par son jeune frère, Hamaoka, en février 1926. Son commandement couvre alors Lam, Nyoua, Houmbal et Douvah-Guidi. Dévoué corps et âme à Mangilva, le trop jeune Hamaoka est en conflit ouvert avec son oncle Bakari. Laadi s’entend alors avec Bakari et donne sa fille en mariage à ce dernier qui, lui, donne sa fille à Boto, fils de Laadi. En tant que chef de terre, Laadi n’apprécie guère les réformes » de Mangilva – pas plus qu’il ne prise les nouveautés introduites par l’administration coloniale – ; mais, surtout, il lui reproche de ne lui rétrocéder que trop peu de retombées des richesses du pèlerinage. Laadi tisse encore des alliances avec Méli Toumba, de Kongkong, qui a l’oreille du chef de subdivision de Guider, et d’autres chefs moins prestigieux, bloquant ainsi une décision quant au soulèvement qui, comme par le passé, ne pouvait être que collégiale. Aussi les réunions dilatoires s’enchaînent-elles sans résultat. C’est la pusillanimité de ces cercles de pouvoir que les Gidar veulent aujourd’hui dénoncer. 78À cela s’ajoutent les rivalités récurrentes entre villages voire entre quartiers. Le gros quartier de Douvah, proche de Lam, a toujours manifesté son opposition au chef de Lam. Les habitants de Douvah, en majorité originaires du pays giziga de Roum, se veulent indépendants de Lam. Pour être soutenus, ils se tournent généralement vers le lamidat de Mindif, alors que Lam-centre fait appel à Binder. La veille de l’arrivée des Allemands, Douvah subit une razzia conduite par Binder avec la complicité de Lam, sous le chef Nembata. Les gens de Douvah doivent fuir dans la plaine et chercher à survivre dans un lieu très exposé, à Golom. Là, ils connaissent la famine car toutes leurs réserves ont été pillées par Lam... Le chef de Douvah, Méli Vondou, s’alliera à Méli Toumba de Kongkong et cherchera, lui aussi, à se faire bien voir de l’administration. Il n’hésitera pas à trahir Lam et, au-delà, Mangilva. La révolte, dans son épicentre où officie le dieu de Lam, se fait attendre. Les prémices du soulèvement n’apparaissent qu’à travers des hécatombes d’animaux et le nom de Mangilva commence à être utilisé dans les rapports administratifs. Mangilva avait prescrit de se séparer de son bétail, faute de quoi les animaux se changeraient en bêtes sauvages. Dans une lettre du 20 septembre 1927 du commandant de la région Nord au commissaire de la République archives non classées, sous-préfecture de Garoua Ses ordres furent exécutés car des arrivées tout à fait anormales de bétail se produisirent sur les gros marchés de la région et même à Garoua où les cours baissèrent. L’effet le plus immédiat de la propagande était, en tout cas, l’appauvrissement d’administrés déjà très pauvres et qui se débarrassaient hâtivement et inconsidérément de leur seule richesse, leur cheptel [...] il est à craindre qu’ils ne tentent maintenant de le reconstituer par des actes de banditisme au détriment des Foulbés voisins. 79Cette révolte éclate en revanche avec violence un peu partout ailleurs, principalement au Tchad. Sous les injonctions de Mangilva, la date choisie pour le soulèvement est au cœur de la saison des pluies. Les guerres entre voisins et égaux partageant les mêmes codes ritualisés, contrôlés par la gérontocratie des deux camps, ne se déroulent que sur les frontières et durant la saison sèche, après que les récoltes ont été engrangées. Même les razzias peules cessent pendant la saison des pluies, chacun, musulman comme haa’be, suivant avec appréhension la croissance des petits mils et des sorghos. Mangilva invite, lui, à une véritable inversion des lois de la guerre. Il n’y a plus de réserves dans les silos, on annonce même la soudure ; or l’ordre de Mangilva serait de laisser le mil pour la viande, afin que les guerriers puisent leurs forces dans une alimentation carnée, selon une promesse maintes fois rappelée dans les rapports administratifs – le messie de Lam disait à tous ceux qui sacrifieront une vache je leur donnerai cinq vaches ». Il faut larguer les amarres avec le passé et se jeter dans l’inconnu, vers les promesses de ce monde nouveau prophétisé. Ce choix n’en présente pas moins quelques avantages stratégiques. Partout, les sorghos sont hauts, entre 3 et 3,5 mètres. Les guerriers peuvent se déplacer dans cette mer de mil qui masque les villages et se prête à tous les guets-apens. Ces campagnes détrempées, aux végétations herbacées ou buissonnantes exubérantes, gênent les mouvements de cavalerie. Durant cette période, les montures de l’administration et celles des Peuls, harcelées par les mouches, se montrent peu efficaces. Une sédition par délégation au Tchad contre l’administration coloniale 80Au-delà de la propagande » millénariste de Mangilva qui crée un climat favorable aux émeutes et révoltes, les populations du Mayo Kebbi, au Tchad Mundang, Kado, Peve, nourrissaient d’autres motifs pour fomenter une insurrection. Parmi eux, la dénonciation d’une application pour le moins abusive de l’indigénat » qui se doublait de l’obligation de la culture du coton. Elle fut conduite par un encadrement caporalisé – c’est là un euphémisme – et, de surcroît, sans compétence agronomique. La révolte syncrétisera toutes ces frustrations sur fond d’angoisse partagée devant un avenir devenu incompréhensible et menaçant. Des événements sporadiques, mais violents 81Août 1927 fut pour le Tchad le début de l’affaire du dieu ou messie de Lam » Lanne 1993 434. Le chef de subdivision de Pala, Mazeau, part pour une tournée à Douey, Lamé et Dari afin de procéder à un recensement et, surtout, pour calmer les esprits échauffés par la propagande de Mangilva. Depuis quelques mois, cette propagande » progresse, en particulier chez les Mundang. Le 30 août, il est attaqué à Toukoukouri Koutoukouri, sur la carte IGN par une troupe d’indigènes [Ils] lancèrent des flèches et des sagaies presque toutes empoisonnées. Après un feu de salve les assaillants reculèrent puis revinrent à la charge. » Le chef de subdivision décide alors de se replier sur son poste. Son retour s’accompagne de concerts de flûtes et sifflets de guerre » et de volées de flèches à chaque passage de village. Le 31 août, il apprend que les indigènes des villages de Ngara, de Touya et de Touaye, rejoints par ceux du canton de Douey et des gens de Bissi Mafou subdivision de Léré, rallient Toukoukouri pour, de là, marcher tous ensemble sur Pala. Cette marche tournera court par manque de logistique, chaque révolté n’emportant que deux jours de vivres, et aussi parce que certains villages leur refusèrent le passage. Le gros village d’Erdé, peuplé de Peve, s’opposera à sa traversée par les Mundang en marche sur Toukoukouri – s’ensuivirent flottement, menaces de mort... et arrêt de la colonne. 21 Après l’enterrement de Gauthionné, grand chef de race des Mundang », Gadianka, l’héritier légitim ... 82Toutefois, l’agitation monte du côté de régions très peuplées comme Léré, et le gros canton de Torok rejoint le soulèvement. La situation est sérieuse car les instigateurs de la révolte ne seraient rien moins que Gadianka, l’héritier de Gong Gauthionné, de Léré21, frère de l’actuel chef de canton de Léré, Gong Kidé, Gandianka et Saïla, chef du canton de Douey. Gandianka se fait le porte-parole du dieu de Lam dans la région de Léré et anime le mouvement en sous-main. 22 Georges Beaudet, adjoint des services civils de l’AEF, a servi au Cameroun et au Tchad, où il est c ... 23 Terme militaire des troupes coloniales de l’Afrique de l’Ouest, pour le château » ou la demeure d ... 24 Rapport du 5 juin 1928, chef de circonscription Beaudet. 83Le chef de circonscription du Mayo Kebbi, à laquelle appartient la subdivision de Pala, M. Beaudet22, le 11 septembre 1927, quitte précipitamment Bongor pour Pala à la tête d’une petite colonne de 20 gardes. Il va se positionner au centre du soulèvement, à Toukoukouri, où il fait fortifier le gîte-étape administratif. De là, il sillonne la région de Pala, Douey et Lagon où il est attaqué par un fort parti mundang. Il y décrit des combats difficiles, menés dans des champs de sorghos très hauts. L’administrateur fait faucher les sorghos pour dégager les approches du tata23 » de l’arnado où les émeutiers se sont regroupés. La bataille dure plus de deux heures, le tata est enlevé et brûlé, 300 Mundang sont refoulés. On compte, parmi eux, trois tués et huit blessés ; du côté de la colonne du chef de circonscription, un Peul du convoi a été tué24. 25 Vanelsche sera ensuite engagé, dès 1928, dans l’écrasement du soulèvement de Karnou chez les Gbaya ... 26 Au coeur de la contestation, Beaudet avait installé à Lagon un commis des services civils, Duffner, ... 84Alors que le soulèvement au Cameroun se limite à une multiplication d’attaques à mains armées de représentants de la communauté peule, la colonie du Tchad réclame au Cameroun le concours de détachements supplémentaires. En septembre 1927, une colonne de 50 gardes et miliciens arrive du Cameroun avec, à sa tête, le chef de circonscription de Garoua, Jean Vanelsche25, accompagné des chefs de subdivision de Garoua, Maroua et Guider. Ils vont alors renforcer un détachement tchadien équivalent, commandé par Beaudet26. Ils ramèneront peu à peu l’ordre en quadrillant le pays et, dès le 4 octobre1927, 40 gardes pourront rentrer à Guider. Vanelsche, dans un long rapport 1927 5 et 7, résume les événements Gadianka [prince de Léré] qui était en rapport avec les Kirdis de la région de Guidder aurait avisé Seila [chef de canton de Douey] qu’un homme de la montagne de ce pays, envoyé de Dieu, avait ordonné l’abattage immédiat de tous les bovidés, caprins et poulets sous peine de voir ces animaux se métamorphoser en lions, panthères et charognards et dit également que les Français n’étant plus en force et ayant peur des indigènes commencent à évacuer le pays. Le Blanc de Guidder chassé par les indigènes s’est réfugié à Garoua avec ses gardes. Il faut de toute nécessité mettre à mort les Européens de Léré et de Palla. Les hommes ressuscités » nous aideront [...]. Les indigènes de Bongor racontent... des morts parlèrent dans certains villages et donnèrent à leurs habitants des directives subversives [...] une aggravation de la situation de la subdivision de Palla et la continuation des agissements du dieu de Lam pourraient provoquer un revirement des esprits déjà bien excités. Il importe qu’une solution complète et définitive affirmant notre autorité soit apportée à la situation dans les régions où le mouvement a commencé à se manifester. Faute de quoi des troubles graves seraient à craindre à Bongor. Carte 2 Carte de situation du soulèvement du dieu de Lam ». © Christian Seignobos 85Au Tchad, le soulèvement se durcit, les postes administratifs sont menacés, on veut chasser l’administration, en particulier de Pala, poste très contesté par le chef de Douey et ceux de la région. Le discours des insurgés s’est, lui aussi, radicalisé et même millénarisé ». Chez les Musey, les Masa et les Mundang, partout des guerriers morts renforceraient de façon occulte les rangs des émeutiers, couplés à des imprécations très mahdistes telles que les fusils des commandants ne cracheraient que de l’eau ». L’administration coloniale, entre frayeur et mauvais diagnostics 86La présence de militaires et d’administrateurs civils sillonnant le pays calme les esprits, et certains des chefs trop compromis prennent la brousse ; pour autant, l’administration éprouve une énorme frayeur rétrospective – sans en arriver à formuler une analyse approfondie des événements. Le soulèvement du dieu de Lam a touché une administration incrédule, dépassée, puis paniquée. Celle-ci comprend enfin que ces mouvements ont partie liée et font tache d’huile, sans toutefois saisir qui délivre les ordres de mobilisation. Les sorciers », toujours, des illuminés » qui spontanément » mobilisent des gens échauffés par la boisson, associés à d’opportunistes bandits » profitant de la situation on en reste là. Ces peuples organisés pour ne pas l’être », sans appareil dynastique – les Mundang exceptés – où le pouvoir se trouve dilué dans une infinité d’autorités, n’empêchent nullement la circulation des mots d’ordre, comme le signale Bah 1974 135, même si, au passage des frontières linguistiques, se produisent des transformations, dilution ou amplification. Pendant deux à trois ans, le dieu de Lam parvient à créer un cercle d’affidés touchant une quinzaine de groupes haa’be, correspondant à une aire de peuplement de plus de 600 000 personnes. 27 Le mahdisme s’était développé avec Rabeh lors de sa conquête du Bornou, à la fin du xixe siècle, et ... 28 Récupérée au poste de Guider par Lestringant, qui me la communique le 12 octobre 2004. 87Dès lors, le danger ne peut venir que d’ailleurs, être le fait d’agitateurs. Déboussolés, les administrateurs au Tchad en viennent à y voir la main de l’étranger. Beaudet, le 7 juin 1928, écrit au lieutenant gouverneur du Tchad j’ai l’impression que nous ne connaissons pas le fond de l’affaire du dieu de Lam et que derrière Toumba et ses acolytes pourraient se trouver des menées germaniques ou communistes, peut-être les deux ». C’est peu dire de cette incompréhension. Mais ils reprennent plutôt leur hantise première, qui fut plus grande encore chez les Britanniques du Nigeria, celle d’un mouvement mahdiste27 masqué. Vanelsche lui-même se montre sensible à l’argument, dans une lettre manuscrite de 192728 Toumba, né à Lam, était fils de feu Seka et de Dina. Seka, le père, avait obtenu à Binder Tchad une planchette d’origine coranique et à pouvoir magique, il mourut cependant brutalement d’une drogue. Toumba reprit cette planchette et fit connaître sa divinité ? à Bourraï, Lam et Djougui. Il reçut la visite des gens de Léré, à qui il aurait confié le soin d’attaquer le poste de Guidder. 88Deux mois plus tard, en octobre, Vanelsche, de retour au Cameroun, passe par Binder pour chercher le fameux Malloum Bakory qui remit au “mangilva” de Lam et à son père les talismans en question dans mon précédent rapport. D’après mon écrivain d’arabe Malloum Shoulé il y aurait à Bindir [...] des représentants de la secte Mahdia qui a causé naguère aux résidents de la Nigeria du nord les pires difficultés ». 89Ces lettres et rapports montrent, outre le poids de la rumeur, une forme de crédulité des Peuls devant les pouvoirs occultes païens et, du côté de l’administration coloniale, le crédit accordé à leurs interprètes peuls, souvent en collusion avec les lamibe. Dans un rapport confidentiel du Haussaire » le haut-commissaire de la République du Cameroun, Marchand, au gouverneur général de l’AEF à Brazza, le 7 novembre 1927, on peut lire L’affaire de Lam fait ressortir plusieurs choses. L’administration française a été surprise qu’un petit sorcier ait eu une telle audience, cela montre qu’elle ne connaît pas le monde kirdi autre que par l’intermédiaire des Peuls. Mais que la grande peur ne vient pas des fétichistes, mais toujours de l’islam, puisque cette affaire a renforcé le renseignement qui s’est naturellement porté sur les Mallum baladeurs à travers l’Afrique. 90On retrouve, là encore, le même fantasme de menace madhiste et, plus largement, de l’islam. 29 Cette incompréhension se poursuit avec un ancien administrateur colonial, historien du Tchad, dont ... 91Les archives nationales que nous avons consultées au Tchad sur le sujet ne rendent compte à aucun moment d’une véritable interrogation sur la cause de ce soulèvement et de ses épisodes violents. L’administration continue, imperturbable, sa mission civilisatrice. Deux ans plus tard, le chef de subdivision de Léré, Manicacci 1929-1931 lance en grandes pompes la culture du coton avec, à partir de 1930, non plus les variétés locales, mais le coton Triumph imposé au Mayo Kebbi par la Cotonfran... et qui prendra pour nom coton manakatche ». Dans le cas de Mangilva et de sa révolte, une incompréhension totale persiste, jusqu’au bout29. Ce qui domine, c’est la peur rétrospective d’une administration qui, plus ou moins consciemment, le fera, à son tour, payer au prophète de Lam. La chute du dieu de Lam » L’arrestation de Toumba Modomdoko 30 Informants Damba Govdo, Doudaka Bernadette, Kaodam Monglo, Dawaye Tougou Madi. 92Dans les traditions orales concernant la fin de Toumba, une version m’a longtemps semblé insolite30. Le chef de Lam, Hamaoka Nembata, aurait été envoyé par Mangilva à Guider pour réclamer sept vaches laitières et des gourdes de miel au commandant », pour le dieu de Lam. Alors que Toumba ne boit pas de lait, nourriture des Peuls. Hamaoka, le messager, aurait été encadré par deux proches de Mangilva, Dawaye Loblob et Dawaye Zalang. Après qu’ils auraient formulé leur demande, le Blanc de Guider », à l’époque le lieutenant Belmondo, leur aurait dit ne rien comprendre. De quel Dieu me parlez-vous ? Qui alors vous commande, n’est-ce pas toi, Hamaoka ? » Les informateurs lui font ajouter des propos bien improbables J’irai à Lam où réside votre Mangilva pour me perdre ou pour l’arrêter. » Néanmoins, parmi des notes manuscrites du poste de Guider rassemblées – ici encore – par Lestringant, on peut lire la confirmation de cette étonnante provocation Le 7 août 1927, le chef de village de Lam déclare au chef de poste de Guider qu’il y a à Lam un Mangilva dieu qui m’a chargé de te demander, à titre de cadeau, cinq vaches laitières et quatre grands boubous blancs ; en cas de refus il dit qu’il te chassera de Guider. 93Cette provocation, incompréhensible pour le commandant » du poste, aurait décidé ce dernier à défaire Hamaoka du pouvoir pour le remplacer par le chef de terre comme interim, puis par son oncle. 94Certains Gidar pensaient que le soulèvement ne deviendrait possible à Lam qu’après avoir eu lieu ailleurs. Or, le soulèvement fait rage chez les Mundang, les Kado et les Pévé, il semble imminent chez les Giziga et les Daba voisins, et il ne se passe toujours rien à Lam. Mangilva aurait-il provoqué l’administration afin qu’elle vienne l’arrêter, suscitant ainsi l’étincelle qui serait le déclencheur de la révolte ? 95Dans le cadre de nos enquêtes, l’arrestation de Toumba est mise sur le compte de la trahison chefs et notables sont alors présentés comme jaloux de la richesse engrangée par l’entourage de Mangilva par le biais d’un pèlerinage dont ils n’auraient jamais pu prélever leur part. Mangilva n’a pas la réputation de voler ni celle de contraindre. Les justiciables, qui font de plus en plus appel à lui, reçoivent un jugement sans avoir à verser d’épices ; ce faisant, Mangilva empiète sur les prérogatives des chefs, ce qui leur devient intolérable. 96Le protégé du commandant de Guider, Méli Toumba, de Kongkong, claironne avoir testé le pouvoir de Mangilva. Il aurait enrôlé deux célèbres voleurs de bétail des Peuls, Voundoukou et Ge’don, pour s’emparer d’un troupeau de boucs castrés dédié à Mangilva – que les intéressés auraient ramené sans peine à Kongkong. Méli Toumba le fait livrer à Guider en disant au lieutenant Ce sont là des bêtes de Mangilva, un dieu véritable n’aurait pas permis ce vol. » Si une telle anecdote semble n’avoir d’intérêt qu’au regard des interrogations des Gidar sur la part de divinité de Mangilva, certains tiennent pour assuré que le sort de Mangilva aurait, dès lors, été scellé. La subdivision de Guider se décide à agir sous la pression de l’administration du Tchad, où se déroulent les actions les plus nombreuses et les plus violentes. Elle réclame instamment que le premier fauteur de troubles, Mangilva de Lam, soit arrêté. Guider envoie alors ses gardes, qui investissent le camp de Mangilva, renversent les clôtures et mettent le feu. On cherche à arrêter Toumba, mais sitôt approché il disparaît, devient de la terre ou entre dans une termitière ». Les goumiers, au nombre de quatre puis de seize, seraient venus à quatre reprises pour l’arrêter, en vain. Toumba comprend alors que la population ne va pas se soulever pour lui. La nuit, il se déchaîne et, comme à l’accoutumée, perché aux sommets des canopées des grands cailcédrats de Lam, il crie Je vous ai enseigné, je vous ai appris à sacrifier, à vous protéger ; je vous ai fait prospérer. Vous avez commencé à tisser entre vous des propos à mon encontre et certains cherchent à me livrer. Le bien que je vous ai fait, vous me le rendez par le mal. » Bien qu’il se sente lâché par les siens, à aucun moment il ne manifeste le désir de s’enfuir. Il se cache dans la montagne ou dans les sous-quartiers de Douvah ou de Koussoukou. La traque durera un mois. Ses envoyés ou disciples », dans les versions actuelles, quant à eux, ont pris la brousse dès la première descente des gardes. 31 À Guider, le lieutenant Belmondo est en place jusqu’au 16 août 1927. Etcheber lui succède comme civ ... 32 Dans chaque quartier, on a placé un mouchard nampur au service du chef de Lam, Bakari. Celui de D ... 97L’administration31, qui a enfin pris la mesure de la situation, a disposé des gardes à Kongkong, à Djougui et à Houmbal, derrière la montagne de Lam, pour prévenir ce soulèvement qui couve. Des pelotons de dizaines de cavaliers peuls de Mindif sont mobilisés et placés sur la limite entre le lamidat et Lam. C’est sur dénonciation de Doubla Masay, un chef de quartier de Douvah qui le faisait suivre, qu’un gradé32 et quelques gardes vont mettre la main sur Mangilva. Il s’était caché à Koussoukou, dans le creux d’un grand Ficus gnaphalocarpa. Après avoir mené une vie sédentaire, reclus dans sa case – à l’exception de ses déplacements nocturnes –, il est devenu très corpulent. Il porte toujours une abondante chevelure couverte par un chapeau de paille à large bord appelé par les Peuls mbuululure et reste vêtu d’une simple peau lombaire. Il porte l’étui pénien gidar bulala en fibres de racines de rônier, et sera arrêté dans cet appareil. 98Les Gidar s’attroupent et grondent. On veut lui attacher la main gauche au cou, il dit que ce ne sera pas nécessaire, et on ne l’aurait finalement pas menotté. Les informateurs ont toujours été unanimes quant à l’aménité du caractère de Toumba. C’est un non-violent. Comme certains font mine d’intervenir, il leur dit, ainsi qu’à ceux de sa famille Laissez, ne perdez pas votre vie pour moi. » Un garde l’interroge Alors c’est toi, le dieu de Lam ! » Il y a du pathos dans cette arrestation, du moins les informateurs s’emploient-ils à la faire revivre. 99Une note – trouvée encore dans la subdivision de Guider – en rend compte différemment Le Mangilva Toumba est le 20 août à Douva [village gidar au nord-est de la montagne de Lam]. Il est arrêté par un sergent en civil. Il appelle au secours. Les Kirdis lancent des flèches. Le sergent tire en l’air huit cartouches. Les Kirdis de Douva, non ceux de Lam, se réfugient sur la montagne de Lam à l’arrivée du chef de subdivision. On incendie le saré du sorcier. 100Toumba a été arrêté au mois d’août, tla na mogonok la lune des charognards, mois néfaste, période de la soudure où ne sont célébrés ni fête, ni mariage. Il aurait passé la nuit enchaîné dans le saré de l’ancien chef Hamaoka à Didagla, au milieu du groupe de goumiers passablement inquiets. Les sectateurs de Mangilva s’étaient rassemblés sur la montagne de Lam, empruntant le passage aton deka girma passer sur la pierre », puis le second passage défendu par des blocs de rochers géants, sur le chemin dénommé koo sauvé ». Toute la nuit dans ce refuge, ils ont débattu, sans savoir quel parti prendre. Ils se reprocheront par la suite de n’avoir rien entrepris. Puis, au petit matin, la colonne s’ébranle vers Guider par Djougui. Des gens la suivent dans la brousse et se manifestent par des sifflets de guerre jusque vers Mayo Loué, mais aucune attaque n’a lieu. 101C’est alors la curée, chefs et notables vident les greniers de Mangilva, se partagent ses biens, mil et bétail. Confirmation pour les Gidar que ce sont bien eux, ces jaloux », qui ont travaillé à la perte de Mangilva. Il s’agit notamment de Méli Toumba, de Kongkong, qui se rêve en leader des Gidar de l’est et cherche à amoindrir Lam. Il a poussé Méli Voundou, de Douvah, à trahir Mangilva. Enfin il s’est associé au tandem Bakari-Laadi de Lam, de concert avec les interprètes peuls de la subdivision. Mangilva a été trahi par les siens, véritable pain béni pour tous ceux qui vont s’appliquer à construire son image de messie. 102Lestringant 1964 385 signale, de façon laconique, la fin de Mangilva, arrêté le 20 août 1927 Après son arrestation à Douva, au milieu d’une foule surexcitée, la fièvre retombe sans qu’un véritable mouvement insurrectionnel ait vu le jour. » Le 5 octobre 1927, Vanelsch reçoit à Golombé une lettre du Lamido de Rey, complimentant l’administration pour la capture du Mangilva de Lam. 103Condamné à dix ans d’internement à Ébolowa, au sud du Cameroun, Toumba meurt à la prison de Garoua, le 25 juin 1928. Rien n’a vraiment été dit des motifs pour lesquels la condamnation de Toumba Mo-domdoko a été prononcée. On ne relève aucune accusation administrative écrite. Mangilva se serait laissé mourir de faim à la prison de Garoua Beauvilain 1989 334. La nouvelle de sa mort est accompagnée d’un certain nombre de signes météorologiques » – comme pour punir » ceux qui l’avaient abandonné. Des déprédateurs ravagent les réserves de grains, les semences dans les champs... sans oublier d’ultimes hécatombes de bétail en sacrifices. Par la suite, certains Gidar mettront sur le compte de l’arrestation de Mangilva la période d’invasions acridiennes récurrentes de 1930 à 1938 qui ravagèrent le pays. Le temps des rumeurs sans fin 33 ANY APA 12347 /ANY/APA 11738 D. 34 ANY APA 12035, signalé aussi par Beauvilain 1989 333-334. 104L’administration ne communiqua que très peu sur l’arrestation de Mangilva alors que ses disciples » s’employaient à cacher cette issue Mangilva vivrait ! Seul un serviteur aurait été appréhendé, un autre Toumba »... il y en a tant. Les rumeurs quant à cette fausse arrestation du dieu de Lam sont particulièrement entretenues au Tchad, où l’on soupçonne les populations d’être prêtes à fomenter de nouveaux soulèvements. Le chef de circonscription Beaudet, sans doute traumatisé par la première sédition qu’il a vécue, craint qu’une deuxième vague ne se produise. Aussi Maurice de Coppet, gouverneur du Tchad, dans une missive du 19 juin 1928, réclame-t-il avec insistance davantage de précisions sur l’arrestation de Mangilva Quelles sanctions appliquées contre le dieu de Lam après son arrestation ? » afin de pouvoir désamorcer cette agitation qui n’en finit pas autour de Léré. Il renverra une lettre, le 13 novembre 1928, au chef de circonscription de Maroua33. Le gouvernement du Tchad ne s’alarme pas inconsidérément, et l’on retrouve dans des lettres et leurs réponses que si la période aiguë de l’agitation créée par le dieu de Lam est réellement terminée, il n’en reste pas moins que les informations que nous donne le chef de circonscription de Garoua signalent qu’il y a encore des agents de ce mouvement dans la région de Guider qui ont des intelligences dans la subdivision de Léré ». On peut y lire encore que si les chefs de Douey Saïla et de Lagon peuvent encore [...] garder leur liberté dans un pays où nous les traquons, une partie de la population indigène ne manquerait pas de nous aider à les capturer et les capturerait elle-même si elle le pouvait. Il faut bien admettre qu’ils ont encore des partisans en nombre appréciable ». Et de pointer encore la chefferie de Léré. Cette inquiétude reste partagée au Cameroun, si l’on en croit la lettre au commandant de la région Nord, Guibet, reprenant un rapport du chef de circonscription de Maroua, Lenoir, en tournée à N’Doukoula – à la frontière nord du pays Gidar –, le 23 novembre 1927 34. Aux dires des gens de N’Doukoula [des Peuls], les Kirdis des régions de Moutouroua, Midjivin, Boboyo, Loulou et Kola... sont en effervescence depuis les incidents de Lam. Ils continuent d’ailleurs à envoyer des animaux en hommage à Mangilva que le chef Amaouaka de Lam représenterait, en affirmant que seul un serviteur a été pris par les Blancs et non le Mangilva lui-même... Une prophétie partie de Lam annoncerait, dans deux mois, une sorte d’éclipse de soleil provoquant la mort des Foulbé dont les animaux reviendraient aux Kirdis, en remplacement de ceux envoyés à Lam ou égorgés suivant les recommandations de Mangilva. Défense serait donc faite aux Kirdis de continuer à demeurer auprès des Foulbé... 105On enregistre un mouvement de repli de certains quartiers en plaine vers les zones refuges. De leur côté, les Peuls, trop isolés, comme ceux de N’Doukoula, s’empressent d’envoyer leurs troupeaux loin en transhumance et pour la première fois vers le nord, les yayrés, pâturages inondés de la plaine du Logone, pour les protéger. 35 Mouchet a été un administrateur colonial atypique. Les interprètes officiels le désignaient comme u ... 106Mouchet35 devient chef de la subdivision de Guider en 1928, l’année après les événements du dieu de Lam. Dans un rapport de tournée du 10 août au 7 septembre 1928, il écrit 36 Le malaise que connaissent les sociétés kirdis devait disparaître devant les outils prométhéens de ... La question la plus importante de la répercussion des anciens événements de Lam préoccupe à tout instant le chef de subdivision [Mouchet]. Il a reçu des ordres très stricts à ce sujet de Monsieur le chef de circonscription ; il a des informateurs qui le renseignent et tente de temps à autre un raid surprise contre les sarés où se cacheraient les soi-disant continuateurs du Mangilva. Jusqu’ici, les trois indigènes désignés ont réussi à s’échapper, mais ils se sentent traqués et n’ont plus de domicile fixe. D’ordre de M. le chef de circonscription, des sanctions énergiques sont prises contre ceux qui avaient tenté de leur donner asile. Si ces trois agitateurs ne tombent pas entre nos mains de vive force, ils seront livrés ou tués par leur propre village, ou réduits à demeurer pour toujours dans une autre région. Nous ne disons pas que l’unanimité de la population est avec nous dans ce pourchassement mais les chefs se déclarent fatigués de la présence de ces trois indésirables qui leur valent tant de visites imprévues [...]. Il faut noter en notre faveur la rapidité avec laquelle les villages ont fourni des travailleurs, non seulement aux fours de Bidzar, mais encore au débroussement de la piste automobile, à l’occasion de la venue de la première voiture dans la région de KongKong36 [...] de fréquentes tournées dans le pays avec l’aide de l’automobile promise à la subdivision, feront le reste pour la paix du groupement. 107L’administration poursuit sur sa lancée, déjà évoquée construction de routes et de postes. Le mandat du chef de subdivision est clair – produire de la chaux envoyée par caravanes d’âniers dans des sacs de cuir de 40 kg dans toutes les circonscriptions du nord où les postes se développent. L’après-Mangilva Des résurgences sous contrôle 108Après l’arrestation de Mangilva, la polémique qui éclate au grand jour, à Lam et dans tout le pays gidar, n’a pas cessé jusqu’à aujourd’hui. Les contempteurs de Mangilva se manifestent enfin ouvertement S’il avait une part de divinité, comment s’est-il laissé faire ? » Le camp des sceptiques grossit d’un seul coup ; ceux qui ont sacrifié leur bétail font l’objet de moqueries et une expression fait son apparition Menteur comme Mangilva ». Les concurrents de Lam, les Gidar de Kongkong, jaloux de la prospérité de son pèlerinage, multiplient les lazzis, danses et chants repris aujourd’hui Je n’ai plus de boucs, je n’ai plus de chèvres, ni de poulets, tout a été raflé par ce Toumba Modomdoko. » Quant aux enfants, ils jouent au dieu de Lam en se distribuant des rôles et en mimant les sacrifices contre la variole ou contre les charançons, contre le danger qui vient du nord » les Peuls. 109Certains accusent les notables, les chefs de guerre en particulier, de trahison On s’est préparés, en attendant un ordre qui n’est jamais venu. » D’autres déplorent un manque de préparation On était préparés mais contre qui ? contre les Peuls, pas contre les fusils du commandant. » Pour d’autres encore, les sacrifices ne sont jamais perdus Accomplit-on en vain un sacrifice ? » Les femmes, de leur côté, affirment On ne peut pas revenir en arrière, on ne nous frappe plus et nous mangeons librement avec nos enfants. » 110Le mandat donné au nouveau chef de Lam, Bakari, est de surveiller les sectateurs du Mangilva et d’empêcher le retour de son culte. Les disciples » se sont dispersés, mais le culte de Mangilva perdure, caché à Lam, encore ostensible chez les Daba, les Giziga Midjiving ainsi qu’à Léré. On décompte quelques successeurs putatifs de Mangilva. Gazam, crédible dans le cercle de Lam en tant que disciple reconnu, s’y essaie, tout comme Sokron et Vatawlan. Mais leur manque de charisme est aggravé par le fait que les temps ont changé les imprécations apocalyptiques ne font plus recette. Zaday Zourmba bii Tambayo, du quartier Digar, entame lui aussi une carrière de successeur de Mangilva, en s’appuyant sur la personnalité de son père, grand devin reconnu, déjà mentionné. Toutefois, pour devenir prophète, il convient d’être habité – condamné à l’être après un choc, un exil, un moment d’aliénation. Zaday, après avoir assassiné celui qui avait enlevé sa femme, s’exila. Mais si, à son retour, devenu helgi, devin avec les cailloux, il se dit rempli de l’esprit de Mangilva », il se montra par trop intéressé alors que Mangilva ne l’était pas, ce qui rapidement le discrédita. Craignant quelques tracasseries de la part de l’administration, sa famille le poussa à quitter Lam. Il partit vivre de son art chez les Giziga de Jappay. 37 ANY APA 11 768/D. 111Échaudée, l’administration coloniale ajoute un suivi du messie de Lam » au dossier des Affaires kirdis » Garoua. Pendant deux à trois ans, est consignée là toute la délation ordinaire villageoise. La suspicion tourne principalement autour de six personnes accusées de vouloir raviver l’effervescence éteinte après l’arrestation de Mangilva Toumba ». Certaines nuits, elles » tiendraient des réunions secrètes loin des habitations, puis, montées sur un toit de leur enclos, crieraient, chacune dans son quartier, des ordres et incantations émanant de Mangilva – Mangilva revient, les pluies seront au rendez-vous, ce que vous avez sacrifié l’an passé sera remplacé, préparez les cordes pour attacher votre nouveau cheptel » – ou des appels à rébellion de la terre sortiront des soldats de Mangilva armés de fusils qui chasseront les Blancs ». Les soupçons convergent sur Daouai Djelane Dawaye Nzalam ex-intendant de Mangilva », celui qui traduisait les paroles de Mangilva derrière son écran de sekko. On le signale à Moutouroua, à Moumour et à Léré, où il rencontrerait d’autres sorciers ». Il est accompagné de Zourmba Kassane, de Boudva, de Méli Madi et Adayanka, de Djougui. Partout, il déclare Je suis le suka [serviteur] du Mangilva. Vous Kirdis vous dites qu’il n’y a plus de Mangilva. Je sais, moi, où se trouve Toumba. » Les archives de Garoua ont consigné certains rapports des indicateurs peuls ou foulbéisés qui, déguisés en colporteurs, passaient de saré en saré pour récolter des informations. On retrouve dans ces rapports la translitération directe du foulfouldé au français. Dans l’un d’eux, Adayanka, devin connu de Djougui, pressé par la foule voulant savoir s’il voyait Mangilva dans son fétiche », aurait eu cette réponse Je ne vois pas Mangilva mais je vois le “commandant” et j’en tremble. » Comme tout suspect, Adayanka recevra la visite d’une dizaine de gardes et d’un caporal venus arrêter les agitateurs – sans résultat, mais son saré sera néanmoins pillé. De peur de ces visites, les villageois poussent les sectateurs de Mangilva à s’éloigner – ainsi Dawaye Nzalam s’exile-t-il au Tchad. Il n’est cependant pas question de persécutions » envers les disciples, et même ceux arrêtés furent rapidement libérés. Le dernier à se rendre se remet le 20 novembre 1928 entre les mains de Mosche », Mouchet, le résident de Guider37 qui l’autorisera à se réinstaller dans son village. La chasse aux sorciers » reste ouverte 1928-1930 38 Ainsi relève-t-on, dans un certain nombre de rapports ou missives, comme celle du 8 novembre 1927, ... 112Après Mangilva, l’administration regarde différemment ces Kirdis sympathiques, remuants, mais potentiellement dangereux » évoqués par maints rapports coloniaux. Elle engage, de 1927 jusqu’en 1930, un contrôle des sorciers ». En vertu d’un admirable syllogisme, après le grand agitateur que fut le dieu de Lam, tous les sorciers, devins et apparentés furent tenus pour des agitateurs en puissance38. 113Mangilva aurait eu, un peu partout, des épigones, individus inspirés capables de rencontrer dieu près d’une montagne, à Balda, à Dogba, à Kosséwa ; ce qui déclenche alors en eux une folie passagère suivie de sacrifices à exécuter et à partager. Mangilva a fait recette. Pour autant, l’administration n’en délaisse toujours pas ses fondamentaux, comme le révèle le rapport du chef de circonscription de Garoua en 1928 Conformément à mes instructions, le chef de subdivision de Guidder traque sans relâche les ex-fidèles du “Mangilva” et les malfaiteurs de la région de Lam. » On mélange toujours sectateurs du messie », coupeurs de route et pillards de troupeaux peuls. L’administration n’a retenu, au Cameroun, aucune leçon du soulèvement de Lam. Le chef de circonscription de Garoua signale, le 11 mars 1928 Les Moudangs dépendant du lamido de Bibemi obéissaient mal à leur chef [peul] en ce moment. Monsieur l’administrateur adjoint Etcheber chef de la subdivision de Garoua ira dans une huitaine de jours visiter ces indigènes qui sont de la même race que ceux qui attaquèrent lâchement Monsieur l’Administrateur Beaudet. 39 Connu sous le nom de l’affaire de Lam » par l’administration coloniale et la dernière guerre de ... 114Les Kirdis devront encore attendre avant d’être émancipés de la tutelle lendemain de l’arrestation de Mangilva, tout Lam vit très mal sa lâcheté et son incapacité à réaliser la révolte attendue. La tutelle peule n’ayant fait que se renforcer, cette mauvaise conscience va se doubler d’une violente frustration, alimentant chez les Gidar une formidable rancoeur. Celle-ci explosera dix ans plus tard, dans un soulèvement plus à leur portée, contre le lamido peul de Mayo Loué qui prétendait encore les gouverner39. 115À la fin des années 1980 se développe un double discours au sujet de Mangilva à côté de celui, classique, focalisé sur la lutte contre la colonisation et les Peuls, un autre voit le jour, sorte d’appropriation de la vie et du message de Mangilva par les élites chrétiennes gidar. À Lam, bastion catholique, ce dernier discours sur le céleste » nous est apparu largement dominant, lors de nos dernières enquêtes de 2007. 40 Et aussi du préfet Haman Saïd, du chef de canton de Mayo-Oulo, Babalé Oumarou, conseiller écouté d’ ... 116Le vieux chef Hamati Tizi a dû, comme tous ceux du nord du Cameroun promus au rang de chefs de cantons, embrasser l’islam sous la pression de députés musulmans, en 1973, lors d’une campagne d’islamisation orchestrée par le gouverneur du nord, Ousmane Mey40. Le président Ahidjo voulait un nord musulman uni autour de lui. Toutefois, en 2007, Hamati Tizi faisait peu de cas de son passage dans l’islam et la mosquée près de son saré était depuis longtemps en ruines. À Lam, la mission catholique créée par les Oblats, avec le père Elie Bève, date de 1947. Parangon du missionnaire à l’ancienne – longue barbe, soutane grise et croix pectorale –, le père Bève, que j’avais rencontré au début des années 1970, me confia, au cours d’échanges épistolaires, qu’à ses débuts, dans les années 1950, il était peu préoccupé par Mangilva qu’il jugeait comme un illuminé ». C’était encore le temps où les missions bataillaient contre les idoles ». Toutefois, en 2004, il pensait que les milieux religieux d’alors n’avaient pas porté toute l’attention voulue au phénomène Mangilva dans une société gidar très divisée sur le sujet. Une démarche sur l’inculturation, post-Vatican II, aurait donné une chance à une forme de réhabilitation de Mangilva. La mission de Lam devait être reprise par des oblats polonais et des prêtres camerounais. Très impécunieux et rétifs aux thèses précédentes, ces derniers se disent plus préoccupés de pastorales et de développement économique. L’époque de Mangilva leur semble par trop lointaine. 117Les élites gidar chrétiennes, à l’inverse, tiennent Mangilva pour l’instigateur d’une révolution religieuse endogène. Elles préfèrent le présenter en prophète annonciateur d’un monde nouveau qui ne pouvait être que le christianisme sous la forme de la mission de Lam. La vie et les actions de Mangilva sont alors passés au crible de cette interprétation. On identifie une version via l’Ancien Testament, une pierre d’attente », selon une formulation chrétienne ou par les évangiles à travers l’image de St Jean-Baptiste. 118Dans la première version, la réforme religieuse devient une première étape dans la lutte contre les idoles ». Les sacrifices avec égorgement des animaux sont bien ceux de l’Ancien Testament. On souligne que Toumba restait à l’écart des fêtes païennes, celles des récoltes en particulier – tout en oubliant qu’il a tenté de les subvertir et les rallier dans son obédience. Le personnage peut également coller à celui d’un messie. Le discours religieux qu’il manie est non violent. Il parle métaphoriquement de soulèvement mais ne s’engage pas lui-même. Il ne s’est jamais marié. Il sera trahi par les siens et ses ennemis, les Peuls. Quant à l’administration coloniale, elle l’arrête et s’en lave les mains. Enfin, il disparaît mais se montre à certains affidés. Ses envoyés deviennent dès lors des disciples » voire des apôtres » appelés meslim, comme ceux du Christ dans la traduction gidar des Évangiles. Pour ces mêmes informateurs, Mangilva, tenant la main de Dieu, il intercédait pour le peuple gidar et tous ceux qui allaient vers lui à travers son pèlerinage ». Son caractère non violent, sa façon de défendre les faibles, les femmes et, plus largement, l’ensemble de son combat pour davantage d’équité font de Toumba un moderne. 119Face à la montée de l’islam radical dans le nord du Cameroun au cours de la décennie 2000, les Gidar éprouvent le besoin de voir dans Mangilva un prophète ou un saint, afin d’ancrer leur foi dans leur histoire. Certains informateurs et informatrices comme Bernadette Doudake, baptisée en 1970 et qui, jeune, habitait l’enclos le plus proche de Mangilva, âgée en 2006 de 86 ans, dit partir à l’église régulièrement prier et penser beaucoup à Mangilva ». 120Au terme d’une évolution relativement rapide, la société de Lam a troqué le messianisme de Mangilva pour le message évangélique. Si cette étude avait été conduite il y a trente ans au Tchad et même à Lam, la lecture aurait été tout autre. Elle aurait emprunté celle du refus de la colonisation et l’annonce d’un monde nouveau sur le point d’advenir, l’indépendance et cela puisé dans les mêmes dires de Mangilva qui voulait donner le pouvoir aux fils du pays ». Ce discours premier de la lutte anti-coloniale n’est pas écarté, pour autant et quelques étudiants gidar n’en continuent pas moins d’affirmer Mangilva nous a redonné notre honneur ». 121Dans le ressort mémoriel concernant Mangilva se pose, pour les Gidar, jusque dans les années 2000, toute l’ambiguïté de lui accorder sa part de surnaturel ou celle de faussaire ». Mais tous de reconnaître que sa parole » a su mobiliser les sociétés païennes allant des monts Mandara au Logone et qu’il a hissé Lam au-dessus de cet agrégat de peuples dominés, bravant tout à la fois les conquérants peuls et les coloniaux. Ainsi la fabrique du mythe Mangilva se poursuit-elle, toujours inachevée et derechef incertaine.
Incroyables Comestibles 31 janvier 2020 Animations / Zéro Déchet 0 commentaire Sur la période de Décembre 2019 au Janvier 2020 se sont déroulé six ateliers de vannerie. Un premier de découverte avec une partie glanage de l’osier dans la campagne de Vannes et la confection d’une décoration sur une base de rond de bois pour apprendre les bases. Durant ces six ateliers nous avons pu découvrir toutes les étapes de la confection d’un panier rond; glanage, confection de l’armature, lien avec l’œil de dieu, éclisses, tressage et augmentation. Vous devriez également aimer Laisser un commentaire
2 janvier 2013 3 02 /01 /janvier /2013 1323 Les arbres de vie gravés, peints, brodés, imprimés ou sculptés existent depuis le début de l'Histoire. Ils semblent symboliser la force de la vie et ses origines, l'importance des racines et le développement de la Vie. Ils sont parfois associés à des personnages et/ou à des animaux oiseaux, mammifères. L'arbre de la connaissance et le chandelier à 7 branches pourraient en être des variantes selon certaines interprétations. Dans la Bible "Le vitrail La paix ou l'Arbre de vie de la chapelle des Cordeliers de Sarrebourg Chagall y interprète l'aventure humaine à la lumière de la Bible. Prix "beaux livres" des libraires religieux." Un arbre de la sorte est mentionné au début de la Genèse Ge 324. Il donne l'immortalité. Il est à ne pas confondre avec l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Cet arbre est aussi mentionné plusieurs fois dans l'Apocalypse Ap. 2,7 ; Ap. 22,14 ; Ap. 22,19. Les chrétiens ont souvent assimilé la croix du Christ avec l'arbre de vie car, comme lui, elle donne vie à l'humanité. L'arbre de vie est parfois rattaché à la Menorah du temple de Jérusalem. Dans le livre d'Ezéchiel 31, 1-11, la parabole du grand cèdre est éloquente "La onzième année, le troisième mois, le premier du mois, il y eut une parole du Seigneur pour moi Ezéchiel "Fils d'homme, dis à Pharaon, roi d'Egypte, et à sa multitude A qui ressembles-tu, toi qui es si grand ? A un cyprès, à un cèdre du Liban qui aurait de belles branches formant une forêt ombreuse et d'une taille si élevée que son sommet serait entre les nuages ? … Ainsi donc sa taille était plus élevée que celle de tous les arbres des champs … Tous les oiseaux du ciel nichaient dans ses rameaux, toutes les bêtes sauvages mettaient bas sous ses branches, toute la multitude des peuples habitait sous son ombre. … Les cèdres du "jardin de Dieu" ne l'égalaient pas, les cyprès n'étaient pas comparables à ses rameaux, ni les platanes à ses branches; aucun arbre, dans le "jardin de Dieu" ne lui était comparable en beauté. Je l'avais fait beau par l'abondance de sa ramure. Tous arbres du "jardin de Dieu" le jalousaient. C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Dieu Parce que tu as élevé ta taille, parce qu'il a élevé son sommet entre les nuages, qu'il s'est élevé avec orgueil, je le livre aux mains du chef des nations qui le traitera selon sa méchanceté. Je l'ai chassé." Le "Royaume de Dieu" - la création - , né d'une très humble semence, deviendra lui-même, aux temps voulus, un "grand arbre" où viendront nicher tous les oiseaux de la terre. Telle est la parabole du grain de moutarde en Matthieu 13, 31 "Le Royaume des cieux est comparable à un grain de moutarde qu'un homme prend et sème dans les champs. C'est bien la plus petite de toutes les semences. Mais, quand elle a poussé, elle est la plus grande des plantes potagères elle devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel viennent faire leurs nids dans ses branches." A travers la puissance évoquée par la vigueur de ces arbres de vie, c'est toute la grandeur de la création qui est magnifiée ! Mais une vie qui doit admettre ses limites. Dans la Kabbale L’Arbre de Vie dans la Kabbale, représente symboliquement les Lois de l'Univers. Il peut aussi être vu comme le symbole de la Création tant du Macrocosme L'Univers que du Microcosme L'Être Humain. L’arbre de Vie L’arbre de Vie est l’un des symboles les plus familiers de la Géométrie Sacrée. La structure de l’Arbre de Vie est connectée aux enseignements sacrés de la Kabbale Juive mais elle peut être retrouvée dans d’autres traditions comme celles des anciens Égyptiens. L’Abre de Vie est expliqué dans le Sefer Yetzira Le livre de la Création ». Le livre explique la création comme processus impliquant les 10 nombres divins Sephiroths de Dieu le Créateur et les 22 lettres de l’alphabet Hébreu. Les 10 séphiroths ensemble avec les 22 lettres constituent les 32 chemins de la sagesse secrète ». L’arbre de Vie est utilisé en tant que signe d’unité et d’amour. Le pendentif de l’arbre de vie forme la clé de la création originale de Dieu. Le pendentif rentre exactement dans la graine et la fleur de vie. Arbre des Séphiroth En hébreu, sepher signifie livre qui contient la Tradition ». Quant à séphirah, c'est un récipient, une coupe par exemple, ou un vase. Au pluriel, séphirah s'écrit séphiroth. Ainsi, les 10 séphiroth qui composent l'Arbre de Vie, selon la kabbale, contiennent chacune une énergie divine. L’étude de l’Arbre de Vie ou Arbre de Naissance, offre une meilleure compréhension des relations entre le corps, le niveau émotionnel de l’âme, le mental, l’intellect et le spirituel, pour harmoniser les vibrations de ces différents niveaux de l’Etre. Dans le livre de Mormon Tree of Life Lehi from Book of Mormon Dans le Livre de Mormon, Lehi le prophète, raconte une vision dans laquelle il a vu un arbre ” dont le fruit était désirable pour rendre heureux ” 1 Ne. 810. Lehi a pris le fruit et l’a décrit comme emplissant son âme de joie. Un chemin direct et étroit menait vers cet arbre, mais des obstacles rendaient le trajet difficile. Une baguette en métal menait vers l’arbre et servait de guide à tout ceux qui tenaient bon et souhaitaient le suivre. Après que Lehi ait raconté cette vision à ses fils, Nephi, un de ses plus jeunes fils désirait comprendre la vision. Alors il a prié. Nephi a reçu la même vision, en plus d’éléments qui lui expliquaient la signification de la vision. Nephi apprit que l’arbre de la vie représentait l’amour de Dieu, et que le fruit représentait l’évangile de Jésus Christ. La baguette en métal était la parole de Dieu. Pour les membres de l’Eglise Mormone, la baguette en métal est devenue un symbole bien connu qui représente le fait de suivre les commandements de Dieu. Ce symbole et l’arbre de la vie sont deux motifs importants dans l’art mormon. Dans la culture Celtique L'astrologie "celtique" ou "druidique", tradition vieille de 7000 ans, est relativement méconnue de notre civilisation. Seuls, quelques initiés sont encore au courant des traditions de cette science transmise par nos lointains ancêtres. Le principe du "connais toi toi-même" est une vivante représentation de cette astrologie qui a passionné et passionne encore de nombreux adeptes à la recherche de leurs racines et de leur identité. Le principe de cette approche humaniste est basée sur l'observation de la nature et de quelques Arbres en particulier. Il est troublant de constater que nous sommes sous l'influence d'un végétal, pour lequel nous trouverons de nombreuses analogies et de nombreux critères de comparaison. Chaque arbre a ses particularités et ses caractéristiques ; il en est de même pour le rythme des saisons est omniprésent et le calendrier celtique propose en fait 13 mois tous placés sous l'égide d'un Arbre ou arbuste. Comme les Mésopotamiens, les Egyptiens ou les Chinois, les Celtes eux aussi avaient leur regard fixé vers le ciel et les étoiles. Mais en Europe, contrairement aux régions du Proche-Orient et d' Afrique du Nord où fleurirent les civilisations de Summer et d'Akkad, de Babylone et d'Egypte, la nature était généreuse. Les déserts étaient rares, mais partout il y avait des forêts denses et mystérieuses qui étaient comme des frontières naturelles entre les tribus plus ou moins rivales. Il est donc logique que les peuples Celtes aient choisi de faire figurer des arbres dans leur zodiaque, plutôt que des étoiles, et placèrent ainsi leur destinée sous le signe d'un arbre en particulier auquel ils attribuèrent des caractéristiques originales et propres à l'individu dont la naissance coïncidait avec la période de l'année consacrée à cet arbre. Dans la culture Navajo L'arbre de vie tree of life est représenté par l'une des quatre plantes sacrées navajo le maïs. Cest l'arbre de la généalogie d'une famille. Chaque branche du maïs représente les générations de la famille. Chaque membre de la famille est représenté par un oiseau. Le maïs est dans un panier ou corbeille l"art de la vannerie est un art majeur pour le peuple Navajo que l'un des êtres sacrés leur a transmis. L"arbre de vie est surtout représenté sous forme de tapisserie ou tapis de laine. L'art de la tapisserie est encore un art majeur pour le peuple Navajo que l'un des êtres sacrés leur a transmis. Dans la culture sumérienne Selon les Sumériens, il y avait un bosquet sacré dans la ville d'Eridu qui était consacré au dieu Enki Ea en akkadien, dieu de la sagesse et de l'Apsu domaine des eaux souterraines. Là étaient plantés deux arbres sacrés L'arbre blanc MESH / MESU sorbier ? et l'arbre noir GIZKIN / KISKANU palmier dattier ?. Voila ce qu'en disent les textes "Père Enki, engendré par un taureau, engendré par un taureau sauvage ... ... roi, qui est devenu l'arbre MESU dans l'Apsu... il a soulevé toutes les terres, grand Ushumgallu, il a planté, dans Eridu un bosquet d'arbres fruitiers qui s'étend sur la terre. Son ombre s'étend sur le ciel et la terre ..." "A Eridu il y a un arbre noir KISKANU placé dans le lieu saint. Il est comme du lapis-lazuli, construit sur l'Apsu. Enki, quand il marche, remplit Eridu d'abondance. Dans le lieu de repos se trouve la chambre des Nammus. Dans son saint temple, il y a un bosquet ombragé, dans lequel aucun homme ne peut entrer." "Le lieu saint, a été ... .... parfait en lapis lazuli, l'intérieur est magnifiquement formé comme un blanc arbres MESU portant ses fruits." On prétendait que les racines de ces deux arbres descendaient jusque dans l'APSU et que leurs branches atteignaient le ciel. Ainsi, dans un texte Babylonien, le dieu Marduk disait "L'arbre MESU a ses racines dans la vaste mer, dans la profondeur d'Arallu pays des morts, et atteint son sommet en haut du ciel." Du MESU le "Poème d'Erra" disait aussi qu'il était "la chair des dieux", "l'ornement du roi de l'univers", "l'arbre saint". Comme les textes disent que le KISKANU était une sorte d' "Arbre de vie", il est donc possible que le MESU ait été un "Arbre de la connaissance". Le dieu Enki / Ea, en effet, régnait tout aussi bien sur les eaux de vie que sur la connaissance. Mais il est possible également qu'il ait servi d'axe à l'univers et de de pilier pour soutenir le ciel puisqu'il s'étendait du plus profond de la terre jusqu'au plus haut sommet du ciel. L'Arbre de Vie était représenté de manières trés diverses chez les peuples de Mésopotamie. >Exemples d'Arbres de Vie 1 >Exemples d'Arbres de Vie 2 >Exemples d'Arbres de Vie 3 Il était souvent représenté encadré par deux animaux. >Exemples en Mésopotamie. >Exemples en Syrie et Phénicie. L'Arbre de vie est également souvent représenté entouré par des ABGALs / APKALLUs. Ce sont des êtres envoyés par le dieu Ea / Enki pour civiliser les humains. Ils sont de trois sortes - Les Poissons-Apkallus Hommes habillés en poissons SUHURs / PURÂDUs. >Voir. - Les Umu-Apkallus Apkallus lumineux, hommes portant des ailes. >Voir. - Les Oiseaux-Apkallus Hommes à tête d'oiseau. >Voir. Dans les cultures Maya et Aztèque Les Mayas connaissent eux aussi l'Arbre du monde, mais chez eux il devient un Arbre Cosmique. Il occupe le centre de l'univers et sert de colonne pour soutenir le ciel. Comme en Chine, les quatre angles de la Terre sont occupés par quatre autres arbres qui soutiennent eux aussi le ciel. L'arbre central s'appelle YAXCHE et il est identifié à un kapokier / Fromager arbre Ceiba. Ses racines poussent en Enfer et ses branches atteignent le Ciel. On dit aussi que sa base est sur la "Bête de la Terre" et qu'à son sommet est l'oiseau orgueilleux ITZAM-YEH "Oiseau-serpent" / "Sept-Ara" représentant la constellation de la Grande Ourse. Cet arbre est également identifié à la Voie lactée et sert de pont pour les âmes qui vont au paradis ou en Enfer le même mythe est connu chez les Indiens d'Amérique du nord. Mais cet arbre est le plus souvent représenté sous la forme d'une croix Une branche représentant le tracé de la Voie lactée et l'autre représentant l'écliptique appelée le "Serpent blanc désossé". Au croisement des deux branches se trouve la "Tête du monstre KAWAK / WITZ", ou la "Tête du Serpent blanc désossé", ou la "Bouche du crocodile", ou l'"Entrée de XIBALBA" Monde souterrain. Ce lieu correspond, étrangement, au centre de la Voie Lactée, la où on pense se trouver un trou noir géant. L'Arbre Wak-wak L'Arbre de Vie ne sert pas qu'à nourrir, guérir et prolonger la vie. Il ne sert pas non plus uniquement de fondation à l'existance du Monde. Dans une autre de ses versions, il devient un arbre qui crée la vie, une vie parallèle à la vie normale l'Arbre Wak-wak ou Waq-waq. La plus ancienne référence à ce mythe provient du livre chinois TUNG-TIEN. Son auteur, DU-YU, était un Chinois qui fut fait prisonnier par les Arabes à la bataille du Talas, en Asie centrale, en 751. Et il entendit parler d'une étrange histoire en Iran ou en Mésopotamie On disait que des marins arabes, au bout d'un voyage de huit ans, arrivèrent sur une île rocheuse carrée où ils trouvèrent un arbre aux branches rouges et aux feuilles vertes. Sur cet arbre poussaient des enfants longs de six à sept pouces. Lorsqu'lls voyaient des hommes ils ne leurs parlaient pas. mais ils pouvaient tous rire ou s'agiter. Mains, pieds et têtes adhêraient aux branches de l'arbre. Lorsque les hommes essayaient de les détacher, les enfants à peine dans leurs mains se desséchaient et devenaient noirs, comme pourris. Al-Gahlz au IX ème siècle, dans son livre "Kitab al-Haiyawan", explique que cet arbre s'appelle "WOKWOK" et qu'il porte des fruits étranges formant des animaux ou des femmes minuscules, de différentes couleurs, suspendus aux branches par les cheveux, et qui n'arrêtent pas de crier "wok-wok !". Et si on les cueille, ils meurent immédiatement. Au Xème siècle, un traité sur l'ïnde parle aussi de cet arbre "Il y a de grands arbres aux feuilles, arrondies ou ovales, qui font des fruits semblables à des melons, mais plus grands et d'un aspect humain. Quand le vent les agite, il en sort une voix et l'intérieur se gonfle d'air comme les fruits de l'asclépiade. S'lls se détachent de l'arbre, l'air s'en échappe immédiatement et ils deviennent plats et flasques comme un morceau de peau.". Dans le grand roman persan "Shâh Nâmeh", écrit par Firdouzi 940-1020, l'Arbre WAK-WAK est ensuite associé à la quète du savoir par Iskandar Alexandre le grand. Ce dernier rencontre des arbres parlant, sur l'île des femmes, et ils lui prophétisent sa mort prochaine. Iskandar, Alexander the Great at the talking tree A la fin du XI ème siècle, un livre écrit à Cordoue raconte ceci "Dans la partie de la Chine qui est dans la mer. il y a de nombreuses îles ; parmi elles, celles qui sont célèbres et connues sont au nombre de huit. La plus grande et la plus importante est l'îIe de Wakwak. Elle est appelée ainsi parce qu'íl s'y trouve des arbres élevés dont les nombreuses feuilles sont semblables à celles du figuier. Cet arbre porte des fruits au mois de mars, et ce sont des fruits semblables aux fruits du palmier. Ces fruits se terminent par des pieds de jeunes filles qui en sortent. Le deuxième jour du mois. elles sortent leurs deux jarnbes; le troisième jour, les deux genoux et les deux cuisses. Et cela continue ainsi el il en sort chaque jour quelque chose jusqu'à ce qu'elles aient achevé leur sortie le dernier jour du mois d'avril. Au mois de mai sort leur tête et leur forme extérieure est complète. Elles sont suspendues par les cheveux. leur forme et leur stature sont les plus belles qui soient et les plus admirables. est au début du mois de juin, elles commencent å. tomber de ces arbres jusqu'au milieu du mois, et il n'en reste plus une seule qui ne soit tombée. Au moment de tomber sur le sol, elles poussent deux cris 'Wakwak !'. On dit aussi qu'elIes en poussent trois. Lorsqu'elles sont tombées par terre, on trouve une chair sans os. Elles sont plus belles que tout ce qu'on peut désirer, sauf qu'elles sont mortes et qu'clles n'ont pas d'ãme. On les ensevelit dans la terre; si on ne les ensevelissait pas et qu'elles restent ainsi. personne ne pourrait en approcher même de loin à cause de l'intensité de leur puanteur. Cela est une merveille du pays de Chine. Cette île est à la limite du monde habité de cette mer.". Le livre des curiosités de la science et de l'émerveillement des yeux époque médiévale Dans le livre "Kltab nl-Gohgraya" Xll ème siècle. on dit que cet arbre pousse dans l'île Wak-Wak située dans la mer de Chine et que ses feuilles sont semblables à celles du figuler. Des fruits. analogues à ceux du palmier paraissent en mars En avril, des petites filles minuscules commencent à apparaître. Elles poussent à partir des pieds et finissent par sortir complètement fin avril et restent suspendues par les cheveux aux branches. Vers le mois de juin, alors qu'elles sont maintenant mûres, elles commencent å tomber en criant le fatidique "Wok-wok !". Ibn Tufall Xll ème siècle raconte également ceci "Il y en a une une île indienne, sous la ligne de l'équinoxe, où I'on croit que les hommes naissent sans avoir nl père, nl mère et où l'on trouve un arbre dont les fruits sont des hommes." En Occident. Alexandre de Bernay s'inspire du livre "Shâh Nâmeh" pour écrire son Roman d'Alexandre à la fln du XII ème siecle. Dans le chapitre de "la forêt aux pucelles", il décrit la rencontre entre Alexandre le grand et des jeunes filles-fleurs qul ne vivent que durant la belle saison. Elles sont confinée à l'ntérieur de la forêt où elles naissent et elles trouvent une mort inexorable si elles en quittent l'ornbre. Al-Qazwinl, au XIII ème siècle, parle également de l'archpel des lles Wak-wak "Elles sont appelées ainsi parce qu'iI y a là un arbre dont les fruits ressemblent à des femmes pendues par les cheveux; et lorsque le fruit est mûr on entend le son 'wok-wok !' " Dans un livre turc daté de 1580 il est expliqué ceci "Les etres humains n'habitent pas sur l'ile de Vaqvaq. Parfois, contraints par la violence du vent, certains navires y parviennent. Les premières personnes du bord qui débarquent pénètrent alors dans l'ile susdite. Dans celle-ci, il y a une sorte de grand arbre qui a toujours pour fruits de très belles odalisques fixées à ses fleurs et à ses branches, odalisques qui laissent dans l'émerveillemenl ceux qui voient la beauté de leurs formes et l'élégance de leurs corps. Chacune d'elles a assurément des seins et un sexe, comme les autres femmes. Comme des fruits, elles sont suspendues par leur chevelure aux branches de l'arbre. Il arrive que, toutes ensemble, elles poussent le cri 'Vaq-vaq !'. Pour cette raison. l'lIe susdite est appelée 'Vaq-vaq'. Chaque fois que l'une de ces odalisques est cueillie de son point d'origine. elle ne survit que près de deux joumées. puis elle périt et sa forme se gãte. On raconte que, parfois, certaines personnes les connaissent et y trouvent bonnes odeurs et grands plaisirs. Dans certains livres, c'est de cette manière qu'est représenté et tracé l'arbre sus-dit.". Dans ses "Lettres sur la mythologie", Thomas Blackwell 1701-1757 écrit ceci “Nous avons appris de nos pieux ancêtres, dit l'lmam, que parmi les îles de l'Inde, il y en a une, située directement sous où il naît des .hommes sans pères ni mères. ll y croît un arbre qui porte des femmes au lieu de fruits; ce sont elles qu'Al-masudi appelle les 'Demoiselles de Wakwak'. Cette île est de toutes les régions de la Terre celle qui jouit de l'air le plus doux et le plus tempéré." En Thaïlande, cet arbre mystique est connu aussi mais on le situe au Paradis. Et les femmes qui y poussent portent le nom de NARZPHONs, ce qui vient du sanscrit NARRPHALAs signifiant "Femmes-fruits". On peut se demander si cette île WAK-WAK "Djazirat al-Wakwak" existait vraiment ou si elle était totalement légendaire. Les Arabes, en essayant de rationaliser le mythe, les remplaceront parfois par l'"île des femmes", en abandonnant toute référence à l'arbre merveilleux. Selon Al-Mas'udi vers 871-956 ou 893-956, qui est le seul géographe arabe à s’être rendu à Zanzibar, l'ile Wak-wak se trouverait au large de Sofala ville située en Afrique de l'est. Ibn Khaldun et Ibn al-Wardi pensaient de même. Quand à Ya'kubi, il la placait dans le mer de Larwi, située entre l'inde et l'Afrique. Cependant, en 909, Ibn al-Fakih parlait de l'existance de deux îles Wak-wak "Wakwak al-Sin", située au large de la Chine, et "Wakwak al-Yaman", située au large du Yémen. On pense que l'île WAK-WAK n'est autre que Madagascar et que la légende vient des Malais. Madagascar a en effet été colonisée jadis par des Malais venus de Sumatra, cela a été démontré en comparant la langue malgache avec les langues de Malaisie et d'Indonésie. Madagascar serait donc l'île "Wakwak al-Yaman" et Sumatra serait alors l'île "Wakwak al-Sin". En 945, l'Arabe Ibn Lakis a dailleurs décrit la venue de Wak-waks, avec une flotte de1000 bateaux, sur la cote orientale de l'Afrique afin de commercer avec les Arabes. Chez les Malais, le mot WAKWAK peut se rapporter aux gibbons qui vivent dans les arbres. Certains pensent que ce nom aurait pu être donné par les Malais aux femmes Bochimanes stéatopyges qu'ils ont rencontré dans le sud-est de l'Afrique. Pour les Malais des Philippines, cependant, le mot WAKWAK sert plutôt à désigner une sorte de vampire volant. Il est plus intéressant de se rapporter à la langue des Malais installés à Madagascar Chez eux le mot WAKWAK pourrait bien dériver de VAHWAK qui signifie "peuple" ou "tribu". Et chez les Malais de Sumatra on trouvait également une tribu portant le nom de PAKPAKs. Le fruit de l'Arbre WAKWAK pourrait être, selon certains, la noix de coco. En effet, avec ces trois trous celle-ci peut ressembler un peu à un visage. Et d'ailleurs, son nom de "coco" signifiait "face grimacante" en portugais. Cependant il existe aussi un arbre appelé VAKWA Pandanus à Madagascar ... mais il serait vain de chercher dans ses fruits une forme ressemblant à un corps de femme. Cependant on notera que chez les Malais des Philippines, on trouve plusieurs légendes parlant de femmes nées à partir d'un fruit. Lopez de Gomara Francisco, Histoire de l'Inde Etrangement, dans son livre L'"Histoire véritable", I 'écrivain grec Lucien de Samosate 120-200 avait déja raconté une histoire qui semble être le prototype du mythe des femmes de l'Arbre WAK-WAK "... Après avoir traversé Ie fleuve à un endroit guéable, nous trouvons une espèce de vignes tout à fait merveilleuses le tronc, dans sa partie voisine de la terre, était épais et élancé; de sa partie supérieure sortaient des femmes, dont le corps, à partir de la ceinture, était cl'une beauté parfaite. telles que l'on nous représente Daphné, changée en laurier, au moment où Apollon va l'atteindre. A l'extrémité de leurs doigts poussaient des branches chargées de grappes ; leurs têtes, au lieu de cheveux, étaient couvertes de boucles, qui formaient les pampres et les raisins. Nous nous approchons ; elles nous saluent, nous tendent la main, nous adressent la parole, les unes en langue lydienne, les autres en indien, presque toutes en grec, et nous donnent des baisers sur la bouche ; mais ceux qui les reçoivent deviennent aussitôt ivres et insensés. Cependant elles ne nous permirent pas de cueillir de leurs fruits, et, si quelqu'un en arrachait, elles jetaient des cris de douleur. Quelques-unes nous invitaient à une étreinte amoureuse ; mais deux de nos compagnons s'étaiet laissé prendre par elles ne purent s'en débarrasser; ils demeurèrent pris par les parties sexuelles, dans ces femmes, et poussant avec elles des racines en un instant, leurs doigts se changèrent en rameaux, en vrilles, et l'on eût dit qu'ils allaient aussi produire des raisins. Nous les abandonnons, nous fuyons vers notre vaisseau, et nous racontons à ceux que nous y avions laissés la métamorphose de nos compagnons, désormais incorporés à des vignes...." On notera que dans le Coran se trouve mentionné un autre arbre mythique dont les fruits ne ressemblent pas à des femmes mais à des têtes de diables, l'Arbre de Zaqqoum qui pousse en Enfer "Certes l’arbre de Zakkoum sera la nourriture du grand pécheur. Comme du métal en fusion ; il bouillonnera dans les ventres comme le bouillonnement de l’eau surchauffée." Sourate 44, 43-46 "... Vous, les égarés, qui traitiez celà de mensonge, vous mangerez certainement de l'arbre de Zaqqoum. Vous vous en remplirez le ventre." Sourate 56, 51-53 L’arbre des chevaliers de la Table Ronde Ce remarquable exemple de l’utilisation de l’arbre comme symbole est conservé au château de Pierrefonds, dans le nord de la France. Les huit branches latérales conventionnelles portent des fleurs en fin de branches, de chacunes d’elles se dresse le corps d’un chevalier portant dans sa main un ruban portant son nom. La tige centrale est surmontée d’une plus grande fleur, qui émerge du corps du Roi Arthur lui-même. L’arbre est un des motifs préférés dans l’héraldique. Le seul tronc avec sa multitude de branches de l’arbre a été fréquemment utilisé pour symboliser la lignée royale, puis familiale… l’arbre généalogique. En agrandissant l’image on peut lire quelques noms de chevaliers dont Galahad, Lancelot du Lac, Perceval le Gallois, Gauvain, Lamorak le Gallois, Tristan. Aller plus loin L'ancien secret de la Fleur de Vie Article + Video + PDF's Petit tour des écrits religieux passés et présents HTML + PDF [VF] Sources Wikipédia NouvelordremondialCC Arbre de vie Lousonna Hozho Atil ovh Les mormons Terre et ciel KrapooArboricole
Les gorges de l’Ardèche sont farouches, tortueuses et profondes. La rivière a creusé un magnifique canyon dans les masses calcaires. L’eau a dissout dans des parties plus intimes de nombreuses grottes. Si ces gorges sont très connues et sur fréquentées avec comme point d’orgue l’arche du Pont d’Arc, un élément fait parler de lui, un peu indirectement, c’est le charbon de bois. Comment ça ? L’une des plus merveilleuses grottes ornées du monde, avec les témoignages dessinés par des hommes et/ou femmes et enfants il y a 36 000 ans, recèle un art pariétal unique dont une bonne partie est dessiné au charbon de bois. La grotte Chauvet, écrin de chefs d’œuvres de l’art pariétal, où pour la première fois dans la chronologie de l’histoire de l’Homme, celui ci s’exprime au travers de symboles qui ont formes animales. La course des chevaux, les lions qui attaquent les bisons et les rhinocéros laineux à bande noire sont autant de merveilles révélés par la capacité d’artistes primitifs, maitre du fusain, a reproduire leur commun de chasseurs. Jouer avec les aspérités, durcir le trait, estomper celui ci s’il faut ou dessiner un œil autour d’un détail de calcite ovale montre que ces hommes ont du bien des fois dessiner pour s’exercer auprès de leurs feux avec les restes carbonisés des bois. Ils avaient compris que le HB, mine tendre, est meilleurs pour dessiner. Cela accroche mieux sur la parois dégagée de sa couche de glaise. Ils ont carbonisé du Pin Sylvestre, tendre et marqueur. Dans une encoignure de draperie calcaire, j’ai vu » cet homme de l’Aurignacien, affuter son fusain. Il en reste des traces qui me sont aussi émouvantes que les splendides animaux dessinés. Ces artistes ont créés en exploitant des retraits de parois ou des bosses. Du grand art. Si les matériaux utilisés se partagent entre des pigments naturels et le charbon de bois, il y a, avec ce dernier, des morceaux à terre qui sont restés tel quel. Vestiges d’activités, ligne droite entre les paléolithiques et les graffeurs modernes. Panneau de la galerie de l’Aurignacien. Je pense que la phrase les Aurignaciens maitrisaient parfaitement la combustion du bois » n’est pas exacte. Ou c’est la maitrise du feu ou la carbonisation du bois… Le charbon de bois prend ici toute sa mesure dans l’évolution de l’Homme. Issu de cette maitrise qui a bouleversé notre vie d’être humain, celle du feu, il est avec la taille des silex un des premiers objets » novateurs. Il se place au tout début de notre capacité de transmettre, matériellement à contrario du langage, des sensations et des formes d’autres êtres vivants. En l’associant au pigment naturel, l’Homme invente une forme de communication et pour la première fois crée ce qu’on appelle aujourd’hui de l’Art. Pour qui, pour quoi, il est un peu trop facile d’y voir de la spiritualité, des dieux dans le représentation des lions. La seule chose que partage l’art et la spiritualité c’est l’imagination, infinie pour la première et recroquevillée pour la deuxième. Le tracé d’une courbe du dos d’un bison, les babines retroussées d’un félin ou les formes clownesques d’un Mammouth sont l’affirmation du début de l’Ère humaine, l’Anthropocène. Au début était le charbon de bois.
Tableau signé Gangloff 1879 Publié le 15 Août 2022 par Ph L Tableau signé Gangloff 1879 Visible dans l'église de Valcanville, ce tableau laisse voir difficilement une signature en bas à gauche Gangloff 1879 non 1870 comme écrit précédemment. Qui connait ce peintre ? Je ne suis pas encore parvenu à l'identifier ou trouver d'autres oeuvres. J'attends vos suggestions. Signature assomption Valcanville A côté de la signature figurent d'autres inscrriptions que je ne réussis pas à lire Portrait Chevreul, musée de La Roche sur Yon et la signature "Tableau et son cadre L'Assomption, don en 1879 du Comte Le MAROIS. Peinture sur toile tableau et bois doré cadre. XIXème siècle, cadre exécuté par Groult, Valcanville, et doré par Branthomme, Barfleur. Signé Gangloff 1879 en bas à gauche. Restauré en juillet 2018." Objets 'art Voir les commentaires Un épi de faitage Publié le 12 Août 2022 par Ph L Un épi de faitage Si les épis de faîtage constituent une décoration commune des toits, celui ci demeure un exemplaire rare, j'en connais un second semblable, dans les réserves de la mairie de Barfleur. Sauf si on me démontre le contraire, j'affirmerais qu'il est du XVIIIème siècle. Voir les commentaires Fermanville, expositions et conférence Publié le 25 Juin 2022 par Ph L Fermanville, expositions et conférence En unisssant leurs volontés à GENEA50 les Fermanvillais sont parvenus à proposer deux expositions et une conférence. Des objets de vannerie Des outils anciens suite à un don à l'association. Une conférence sur les lieux dits et paysages. Dans sa conférence Pierre-Yves JOLIVET a fait état des connaissances d'aujourd'hui à propos de la toponymie des différents lieux qui forment Fermanville FARMAN VILLA à l'origine. Certains ont été resitués dans leur origine comme "La Mondrée". Parmi ses éléments forts, Pierre-Yves Jolivet a expliqué comment à partir de l'étude des cadastres et du découpage des parcelles on peut "dater" les différentes voies anciennes. Les études et recherches en cours apporteront peut être de nouvelles informations sur des origines comme pour le Cap Levy KAPEL WICK Voir les commentaires Le biscuit de mer Publié le 19 Mai 2022 par Ph L Le biscuit de mer Dans la série des publications consacrées au pain , au pain à soupe, après la visite du musée de Saint-Malo, je présentais le 21 septembre 2014 le biscuit de mer. Cette fois après la visite du musée maritime de Honfleur, je suis en mesure de présenter le biscuit de mer dans sa version locale. A de nombreuses reprises j'avais essayé, en vain, de contacter une boulangerie de Honfleur signalée comme fabriquant du pain de mer. je n'avais pas obtenu plus d'information auprès de l' Dans le musée, j'ai donc vu le marque biscuit, utilisé avant d'enfourner. Et l'aimable hôtesse d'accueil du musée à retrouvé dans ses collections un biscuit fabriqué en 2021. Pour les Journées Européennes du Patrimoine un boulanger avait entrepris de recréer ce biscuit. Il avait obtenu un grand succès. Le marque ou pic biscuit Voir les commentaires L'agneau, le mouton, le bêlier 3/X Publié le 17 Avril 2022 par Ph L L'agneau, le mouton, le bêlier 3/X Cette publication comme toutes celles titrées "bestiare' n'ont pas pour l'instant une forme définitive Dans les trois religions monothéistes, l'agneau, le mouton sont associés au sacrifice. Le mouton de Panurge Pâques et le mouton . Le mouton et le sacrifice. Dans les trois religions monothéistes juive, chrétienne, musulmane une source commune. Pour les chrétiens, la fête de Pâques célèbre la résurrection de Jésus et l’agneau pascal ou Agnus Deii, l'Agneau de Dieu symbolise le Christ. Jésus est identifié à l'agneau sacrificiel de la tradition juive car il est une victime innocente sacrifiée pour racheter les péchés des hommes. Dans l'Evangile selon Jean, Jean le Baptiste voit Jésus venant à lui et dit "Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde Jn 1,29. L'Apocalypse utilise 28 fois le mot "agneau" pour désigner le Christ. Dans la religion chrétienne, l'agneau symbolise aussi les vertus d'innocence, de douceur et de bonté et la soumission à la volonté de Dieu, en référence au sacrifice d'Abraham qui était prêt à sacrifier son propre fils si Dieu l'exigeait Dans la religion juive, la fête de Pâques ou Pessa'h passage commémore pendant 8 jours la libération du peuple d'Israël et le traversée de la mer Rouge. Pour commémorer l'exode et célébrer la Pâque, les juifs ont coutume de sacrifier un agneau. Cette tradition tire son origine d'un épisode de l'Ancien testament. Avant la traversée de la mer Rouge, Dieu a ordonné à Moïse de sacrifier un agneau par famille et de répandre le sang de l'agneau sur les portes des maisons avec une branche d'hysope afin que l'Ange de la Mort épargne les premiers nés des Hébreux. La mort des premiers nés était l’une des dix plaies et ne devait frapper que les Égyptiens. Pour les chrétiens, la fête de Pâques célèbre la résurrection de Jésus et l’agneau pascal ou Agnus Dei, l'Agneau de Dieu symbolise le Christ. Jésus est identifié à l'agneau sacrificiel de la tradition juive car il est une victime innocente sacrifiée pour racheter les péchés des hommes. Dans l'Evangile selon Jean, Jean le Baptiste voit Jésus venant à lui et dit Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde Jn 1,29. L'Apocalypse utilise 28 fois le mot "agneau" pour désigner le Christ. Dans la religion chrétienne, l'agneau symbolise aussi les vertus d'innocence, de douceur et de bonté et la soumission à la volonté de Dieu, en référence au sacrifice d'Abraham qui était prêt à sacrifier son propre fils si Dieu l'exigeait Abraham apparaît dans la Bible mais aussi dans le Coran sous le nom d’Ibrahim. Dieu scella une alliance avec Abraham et lui promet une nombreuse descendance alors qu’il est âgé de 99 ans et que sa femme Sarah est stérile. Effectivement, un an après, naît Isaac. Aïd El Fitr Mais Dieu mit Abraham à l’épreuve en lui demandant de lui sacrifier son fils Isaac. Abraham prit avec lui deux serviteurs ainsi que du bois pour l’holocauste un sacrifice religieux. Arrivant au lieu indiqué par Dieu, Abraham éleva un autel qu’il couvrit de bois avant d’y lier Isaac. Il prenait son couteau pour égorger son fils, lorsque la voix d’un Ange arrêta son geste, car Dieu était satisfait de son obéissance. Il lui indiqua aussi le bélier retenu pas ses cornes dans le buisson et qu’il devait offrir en holocauste à la place de son fils. Pour les musulmans c’est Ismaël l’ancêtre des arabes qu’il avait eu avec sa servante égyptienne Agar qu’il devait sacrifier. La fête de l’Aïd el Kebir commémore cet événement 20 juillet en 2021. Cette fête commémore la soumission d'Ibrahim Abraham dans la tradition juive à Dieu, symbolisée par l'épisode où il acceptait d'égorger son fils Ismaël[1] sur l'ordre de Dieu اللّه, celui-ci envoyant au dernier moment un mouton par l'entremise de l'archange Gabriel pour remplacer l'enfant comme offrande sacrificielle. En souvenir de cette soumission totale d'Ibrahim à Dieu, les familles musulmanes sacrifient un mouton ou un bélier, mais parfois d'autres animaux comme des vaches ou des chèvres, en l'égorgeant, couché sur le flanc gauche et la tête tournée vers La Mecque, après la prière et le sermon de l'aïd. Les attributs vestimentaires de Saint Jean Baptiste Entre 1261 et 1266, Jacques de Voragine rédige La Légende dorée qui raconte la vie de personnages chrétiens. Cet ouvrage connaît un énorme succès et d’autres biographies s’ajoutent dans les éditions subséquentes. Des chroniques et des annales sur la vie des saints et des ecclésiastiques sont également écrites. Les artistes s’inspirent de cette littérature et y puisent des thèmes basés sur l’histoire des personnes auxquelles ils attachent des attributs. Les attributs forment un langage visuel codifié qui identifie des personnages ou qui illustre des épisodes de sa vie comme sa conversion ou sa mort. [...] Les attributs de saint Jean-Baptiste sont inspirés par les évangiles. Dans les évangiles de Marc et de Mathieu on peut lire à propos du saint Or Jean était vêtu de poil de chameau et d’une ceinture de cuir autour des reins […] » et dans l’évangile de Jean, une parole de JeanBaptiste Voici l'Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde ». C’est pourquoi saint JeanBaptiste est représenté avec un vêtement de poil ou accompagné d’un agneau. Parfois, au lieu de l’agneau, il tient une houlette et un rouleau avec les mots Ecce Agnus Dei qui signifient Voici l’agneau de Dieu » en rappel des paroles prononcées. Les artistes européens du Moyen-Âge, qui ont fourni les premières œuvres religieuses de Saint JeanBaptiste, n’avaient pour la plupart, jamais vu de peau de chameau et ils se sont tournés vers une peau de mouton pour représenter le saint. Jean-Baptiste et Jésus sont cousins et nés à quelques mois d’intervalle. Les artistes se sont pris d’affection pour cet autre enfant de la Bible et il est souvent représenté avec la sainte Famille ou en compagnie de la Vierge avec l’enfant Jésus. C’est sans doute l’un des raisons de la popularité de Jean-Baptiste figuré par de jeunes garçons. Diane Joly D'après Le premier art chrétien », Histoire de l’art, no 16, 1996, p. 301-303 L'agneau de l'Apocalypse Sur les portes des tabernacles, les autels, l'agneau est souvent représenté couché sur le livre aux sept sceaux, le livre de l'Apocalypse selon saint Jean évangéliste. L'agneau des bestiaires renvoie à Jésus, au Christ; "l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde" Michel Pastoureau indique, les auteurs sont plus discrets sur l'agneau de l'Apocalypse cité vingt huit fois, un agneau juge et vengeur, qui se met en colère, lutte contre les forces du Mal et de la Mort.". A noter ici que l'agneau ne repose pas sur un livre. Voir les commentaires Bestiaire le lapin, le lièvre 5/X Publié le 16 Avril 2022 par Ph L Bestiaire le lapin, le lièvre 5/X L'oeuf comme le lapin, sont reconnus comme d'anciens symboles de renaissance, de fertilité, qui sont associés à l'arrivée du printemps. Pâques marque la fin du carême, nombreuses spécialités anciennes les échaudés préparées en période pascale contiennent beaucoup d'oeufs. Voir les publications correspondantes La tradition du "lièvre de Pâques" trouverait son origine en Allemagne. Une femme pauvre peignit des oeufs à l'intention de ses enfants. Le lendemain ces enfants aperçurent un lièvre près des oeufs, en les recherchant, d'où la conclusion le lièvre a pondu des oeufs. Le lièvre devient souvent un lapin Dans la tradition cathollque ce sont les cloches revenant de Rome qui larguent des oeufs dans le jardin.. On ne prononce jamais le nom de l'animal aux grandes oreilles sur un bateau. Voir les commentaires A propos de Camembert 4/X Publié le 16 Février 2022 par Ph L A propos de camembert J'ai pu déguster avec plaisir le camembert de la ferme "Le Bienheureux" à Sartilly Village Manche. Il s'agit d'un camembert possédant l' et pouvant afficher le titre de camembert fermier transformation du lait de la ferme. Ouest France du 16 février rappelle les règles qui régissent l'étiquetage "Camembert de Normandie" qui de fait supprime "Camembert fabriqué en Normandie" Dans le tableau ci-dessous je rappelle les propriétés de fromages que j'ai eu l'occasion de citer ic et de déguster pour la plupart selon mes lieux d'approvisionnement J'espère bien au printemps faire la route des camemberts fermiers. Bio Dégusté Champsecret Orne Fermier Bio Oui Ferme de l'Instière Camembert Orne Fermier Bio Oui GAEC Naturellemnt normande Landelles de Coupigny Calvados Fermier Bio oui Le Clos de Beaumoncel Camembert Orne Fermier Bio en 2022 Ferme Durand Camembert Orne Fermier oui Ferme Le Bienheureux GAEC Cahorel Sartilly Village Manche Fermier oui Bernières d'Ailly Calvados oui Fromagerie de la vallée de Sienne GavrayManche oui Ferme de la Mondière Orbec Calvados Fermier Lessay Manche oui Bio oui oui Les fermes bio Fabriqué à Isigny Calvados Micro-filtré Bio oui Isigny Calvados Micro-filtré Bio oui Tessy Bocage Manche Jersyaises Bio oui Vaches Jersyaises fabriqué dans le Pays de Dinan Côtes d'Armor Hors périmètre Fermier Bio oui Je ne peux pas parler camembert fermier sans rappeler celui que Samuel et Christine nous ont préparé pendant quelques années dans leur ferme du Theil Manche. Si l'expérience s'était prolongée le cahier des charges pour obtenir l' était respecté. Des publications précédentes, suivre le lien ci-dessous Voir les commentaires Saint Vaast la Hougue Les tours Vauban Publié le 22 Janvier 2022 par Ph L Saint Vaast la Hougue Les tours Vauban Les sites Vauban sont dans l'actualité et en particulier les tours de Saint Vaast la Hougue. le point sur toutes mes publications dans ce blog., suivre les liens ci-dessous Voir les commentaires Parc éolien au large des côtes du Cotentin "Centre Manche" Publié le 9 Janvier 2022 par Ph L = Associer le public à la décision sur l'investissement = Lui délivrer une information complète et objectif = lui donner les moyens de s'exprimer = Restituer fidèlement les résultats de la concertation Objet de la réunion implantation d'un parc d'éoliennes en Manche - Damien Levallois, chef de projet, - Alexandre MARIOT RTE - Arnaud FORGAN DREAL Les garants Dominique PACORY - Laurent PAVARD - Jean TRARIEUX Mission veiller au respect des objectifs et principes de la concertation publique. Suite à un débat public, une décision ministérielle a acté l'implantaion d'un parc d'éoliennes en mer de la Manche. La décision n'a pas suivi les recommandations du débat public en particulier sur la distance par rapport à la côte. Cela entraîne déjà un doute sur la suite de la concertation pour l'implantation d'un second parc. Ces deux ensembles entreraient en fonction en 1931. Travaux entre 2026 et 2031, après appel offre concurrentiel entre 2022 et 2026 Ce sont 75 à 125 machines d'une hauteur de 250 à 290 mètres. Les interventions concernaient les aspects environnementaux et patrimoniaux. Tours Vauban et classement au patrimoine mondial de l'UNESCO L'UNESCO sera destinataire du dossier, selon les porteurs du projet, la distance d'implantation ne devrait pas être une contrainte, mais pas de plan B en cas de rejet et le retrait du classement. Visibilité depuis la côte, les photomontages exposés laissent à penser que l'impact sera faible voir nul selon la météo. Une personne présente dément cette affirmation en indiquant qu'habitant à 30 kilomètres elle voit la tour Eiffel moins haute qu'une éolienne. Photomontage, cherchez les éoliennes La faiblesse à mon sens dépend du manque de précision des informations car le résultat final dépendra des données, capacité physiques du moment de l'installation. Aussi la disposition sera définie par l'industriel. Par ailleurs des solutions possibles ont été indiquées quand à l'éclairage par exemple s'il était décidé de procéder. Voilà quelques remarques après une réunion molle qui mériterait d'être reprise. J'invite à consulter les document mis en ligne. Autre élément qui m'a interpellé, l'absence de pêcheurs pourtant directement concernés par ces projets. Faut-il croire que l'opposition se manifestera autrement que par l'interpellation dans des réunions. La question du transport de l'énergie a été débattue. Il est prévu de transporter en mer via un câble souterrain du courant continu pour ensuite l'injecter dans le réseau sosu forme de courant alternatif. Pour ce deuxième parc le raccordement vise le Calvados comme zone préférentielle. Autre point abordé qui n'a pas encore de solution le recyclage des pales. Voir les commentaires Barfleur, Village des antiquaires Publié le 19 Août 2021 par Ph L Barfleur, Village des antiquaires Le village des antiquaires et à la brocante s'est ouvert ce matin jeudi 19 août 2021 à Barfleur. Dès l'ouverture il a connu une belle affluence Ce sont 46 exposants professionnels qui proposent meubles, tableaux, bijoux, livres, bibelots, vaisselle. Ouvert jeudi, 10h à 19h vendredi, 10h à 19h samedi, 10h à 19h et dimanche 10h à 18h Pour accéder au village le pass sanitaire était demandé, avec la remise d'un bracelet il n'était plus utile pour aller s'asseoir en terrasse d'un café ou restaurant. Passage fluide, mais la file d'attente atteste d'une bonne fréquentation. Voir les commentaires
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